Le mercredi 26 février 2025 à 20:29
Brahim Aouissaoui a été condamné mercredi 26 février à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté incompressible pour l’attentat au couteau perpétré dans la basilique Notre-Dame de l’Assomption de Nice (Alpes-Maritimes) le 29 octobre 2020. Il avait assassiné trois personnes et tenté d’en tuer sept autres. La cour d’assises spéciale de Paris a suivi les réquisitions du parquet national antiterroriste (PNAT) en prononçant cette peine, la plus lourde du code pénal, rendant quasi impossible toute libération.
Dans leur réquisitoire, les avocates générales ont décrit Brahim Aouissaoui comme un homme "enfermé dans son fanatisme totalitaire et barbare", qui a 'agi avec "une détermination sans faille" pour "frapper la France, terre des 'chiens' et des 'mécréants', et semer la terreur". Selon l’accusation, il a fait preuve d’une "sauvagerie inouïe" en assassinant la paroissienne Nadine Devillers, 60 ans, quasiment décapitée, le sacristain Vincent Loquès, 54 ans, égorgé, et la mère de famille Simone Barreto Silva, 44 ans, poignardée à 25 reprises avant de succomber. Il est également accusé d’avoir tenté d’assassiner deux amis du sacristain présents dans l’église ainsi que les cinq policiers municipaux qui ont fini par le neutraliser après "14 minutes d’une scène d’horreur d’une cruauté absolue, dans un lieu sacré et hors du temps", selon une des magistrates.
Le président de la cour, Christophe Petiteau, a justifié la décision en soulignant "des assassinats très violents commis dans une basilique, suscitant une émotion très forte dans la ville de Nice déjà endeuillée". Il a insisté sur le "trop fort risque de récidive" de l’accusé, qui a revendiqué son acte comme une vengeance contre l’Occident. Il a décrit Brahim Aouissaoui comme "un homme extrêmement dangereux", dont "le comportement en détention prouve qu’il n’y a aucune volonté de réinsertion" et dont "la dangerosité reste intacte".
«Tous les jours, vous tuez des musulmans»
Lundi, lors de l’audience, Brahim Aouissaoui a tenté de justifier son acte. "Tous les jours, vous [les Occidentaux] tuez des musulmans", a-t-il déclaré. Avant que la cour ne se retire pour délibérer, il a pris la parole une dernière fois : "S’il y a une justice, jugez au nom des enfants et des [femmes musulmans] qui sont morts".
Son avocat commis d’office, Me Martin Méchin, a dénoncé une peine qu’il considère comme une "peine de mort qui ne dit pas son nom, la peine de mort des hypocrites". Il a demandé aux magistrats de "faire preuve de courage", tout en reconnaissant qu’il "n’attendait pas autre chose" qu’une condamnation à la perpétuité réelle.
L’attentat de la basilique de Nice s’inscrit dans une série d’attaques survenues à l’automne 2020 après la republication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo. Quelques semaines avant, le 16 octobre, Samuel Paty avait été assassiné et décapité près de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) pour avoir montré ces caricatures à ses élèves. Selon l’accusation, Brahim Aouissaoui avait pleinement conscience de cet enchaînement d’événements et s’est inscrit dans cette logique terroriste. "La compréhension de la culpabilité de Brahim Aouissaoui nous oblige à ne pas seulement citer l’attentat du 29 octobre (2020). Cet attentat s’inscrit dans une continuité et une cohérence d’actions", ont souligné les avocates générales.
«Sa haine de l’Occident et de la France est restée intacte»
Arrivé en France quelques jours avant l’attentat, le jeune Tunisien s’était radicalisé en 2018 en ne fréquentant plus que des salafistes, dont certains impliqués dans des affaires terroristes en Tunisie. "L’attentat est en réalité l’aboutissement d’un engagement djihadiste né en Tunisie", a résumé une magistrate. Selon elle, "sa haine de l’Occident et de la France est restée intacte".