Le jeudi 26 janvier 2023 à 10:44
L'ancien international français de handball Bruno Martini a quitté son poste de président de la Ligue nationale (LNH) après avoir été condamné mercredi à un an de prison avec sursis et 2500 euros d'amende pour corruption de mineur et enregistrement d'images pédopornographiques.
Cette sanction, homologuée en début d'après-midi par un juge du tribunal judiciaire de Paris après une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), comprend aussi cinq ans d'interdiction d'exercer une activité impliquant un contact avec des mineurs, a indiqué à l'AFP l'avocat de M. Martini, Me Elie Dottelonde.
"On essaie de le faire passer pour un monstre mais le procureur, en proposant une CRPC, a montré qu'il estimait que M. Martini ne représentait pas un danger" ni qu'il serait "détraqué", a souligné Me Dottelonde, remarquant qu'aucune obligation de soins n'avait été prononcée. Avant même l'issue judiciaire, les dirigeants de la LNH avaient appelé Bruno Martini à une rapide démission, qu'il a ensuite présentée "avec effet immédiat".
Assemblée élective le 7 mars
Le comité directeur de la Ligue se réunira jeudi pour organiser l'intérim avant l'assemblée générale élective programmée le 7 mars, a expliqué la LNH dans son communiqué officialisant le départ de Martini. La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera a salué "la réaction rapide, claire et responsable de la LNH, en lien avec la Fédération français de handball" : "Cette démission s'imposait", a-t-elle tweeté.
Je salue la réaction rapide, claire et responsable de la @LNHofficiel, en lien avec la @ffhandball
Cette démission s’imposait.
L'engagement du gouvernement contre les violences faites aux enfants est total, dans le sport et partout ailleurs.@CharlotteCaubel https://t.co/EgSS4iGrPD
— Amélie Oudéa-Castéra (@AOC1978) January 25, 2023
La Fédération française a annoncé dans la soirée avoir "décidé à l'unanimité l'ouverture de poursuites disciplinaires à l'encontre de Bruno Martini, au regard de la gravité des faits pour lesquels il a été condamnés".
Interrogé après la qualification en demi-finale du Mondial (35-28 contre l'Allemagne à Gdansk), la légende du hand Nikola Karabatic a déclaré que les Bleus avaient "tous été sous le choc quand on a entendu cette info ce matin". "Après on est dans notre compétition et on se concentre sur nous. Mais c'est vrai que ce n'était pas évident" a-t-il ajouté.
Visé par une enquête depuis juin 2020 après la plainte d'un adolescent de 13 ans, Bruno Martini, 52 ans, a été interpellé lundi à Paris et placé en garde à vue, selon une source proche du dossier, confirmant une information de franceinfo. Il a ensuite été déféré mardi, en vue de la CRPC. A ce stade, les enquêteurs n'ont pas eu connaissance d'autres victimes, a-t-on ajouté de source proche du dossier.
Au vu des photos du mineur avec qui il a été en contact sur Snapchat, "M. Martini ne pouvait pas savoir que le (plaignant) avait moins de 15 ans", a affirmé son avocat.
Bruno Martini, colosse de 1,97 m, était le gardien des Bleus champions du monde en 1995, le premier titre majeur du hand français décroché par la bande déjantée des "Barjots", lançant une ère dorée pour ce sport. De nouveau champion du monde en 2001, sa riche carrière de joueur l'a mené dans les plus grands clubs français et européens, de l'OM-Vitrolles à Montpellier - avec qui il a remporté la Ligue des champions en 2003 - puis Paris.
Affaires retentissantes
Il s'est ensuite tourné vers une carrière de dirigeant, occupant le poste de manager général du Paris handball durant plus de 10 ans, y compris après son acquisition en 2012 par Qatar Sports Investment (QSI), déjà propriétaire du PSG. Il a quitté ce poste début 2021, avant d'être élu à la présidence de la LNH.
L'enquête visant Bruno Martini est la dernière d'une série récente d'ennuis judiciaires pour des dirigeants du sport français. Parmi les plus retentissantes, Bernard Laporte, le président de la Fédération française de rugby (FFR), a été condamné en première instance le mois dernier à deux ans de prison avec sursis pour avoir noué un pacte de corruption avec l'homme d'affaires et président du club de Montpellier, Mohed Altrad. Il a fait appel de ce jugement et s'est mis en retrait, sous la pression du ministère des Sports et du Comité d'éthique de la FFR.
Il a de nouveau été placé en garde à vue mardi dans une affaire de blanchiment de fraude fiscale aggravée, mais en est ressorti sans poursuites à ce stade.
Quant à Noël Le Graët, le tout puissant patron de la Fédération française de football (FFF), il est visé par une enquête pour harcèlement moral et sexuel et a été contraint de se mettre en retrait lors d'un Comité exécutif extraordinaire.