Le samedi 4 octobre 2025 à 15:22
Six policiers ont été mis en examen à Marseille (Bouches-du-Rhône) dans l’affaire dite "Maria", une jeune femme rouée de coups par une quinzaine de fonctionnaires en marge des manifestations des Gilets jaunes, le 8 décembre 2018, a annoncé le parquet vendredi. L’un d’eux est poursuivi pour "violences sans incapacité totale de travail et avec la circonstance aggravante d’une personne dépositaire de l’autorité publique". Les cinq autres sont poursuivis pour "non-assistance à personne en danger".
La victime, âgée de 19 ans à l’époque, vendeuse en centre-ville, rentrait du travail avec son petit ami lorsqu’elle a été atteinte par un tir de lanceur de balle de défense (LBD) à la cuisse, dans une ruelle commerçante de Marseille. Elle a ensuite été violemment frappée au sol par une quinzaine de policiers, à coups de pied et de matraques. Son crâne a été fracturé et elle a subi de lourdes séquelles, dont une trentaine de points de suture. Son compagnon a également été frappé alors qu’il tentait de la protéger.
Après les faits, la jeune femme avait porté plainte auprès de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Plusieurs semaines plus tard, l’affaire avait suscité un fort retentissement médiatique, lorsque des photos de la victime hospitalisée, crâne rasé et balafré de deux cicatrices, avaient été diffusées dans la presse.
Placés sous contrôle judiciaire
Le policier poursuivi pour violences a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’actes de police, de voie publique et de port d’arme. Les autres policiers, également placés sous contrôle judiciaire, peuvent continuer à exercer. Deux d’entre eux, mutés à Mayotte, ont été rappelés pour être entendus par le juge d’instruction.
Une information judiciaire pour "violences aggravées et non-assistance à personne en danger" avait été ouverte à l’été 2019. Le dossier a connu de nombreux blocages : effacement des enregistrements radio entre policiers, suppression d’images de vidéosurveillance, panne du logiciel Pégase qui gère les interventions. Faute d’identification des policiers, l’affaire a été rouverte et close à plusieurs reprises.
En décembre 2020, le juge d’instruction avait conclu que "sans l’ombre d’un doute, les individus qui ont violenté (Maria) avaient tous la qualité de fonctionnaires de police et ces violences sont d’autant plus inacceptables qu’elles ont été commises de façon purement gratuite". La jeune femme, marquée au visage et au crâne par deux profondes cicatrices, avait raconté à l’AFP : "J’avais les yeux ouverts, j’étais consciente, mais à un moment j’ai cru que j’allais lâcher".Elle avait aussi tenu à rappeler cinq ans après les faits qu'elle "ne manifestais pas".