Le jeudi 2 novembre 2023 à 16:54 - MAJ vendredi 3 novembre 2023 à 14:55
Yassin El Himar, imam franco-marocain de Beaucaire (Gard), a été condamné ce jeudi par le tribunal correctionnel de Nîmes à huit mois de prison avec sursis et à une interdiction professionnelle d'un an, après avoir été jugé en comparution pour "apologie publique du terrorisme" et "provocation publique à la haine". Le parquet de Nîmes a annoncé ce vendredi avoir fait appel de la décision.
L'affaire remonte au 12 octobre dernier, lorsque l'imam a publié sur son compte Facebook, suivi par 2100 followers, un texte religieux : "Vous combattrez les juifs et aurez le dessus sur eux, de sorte que la pierre dira : Ô, Musulman, voici un juif caché derrière moi ! Viens le tuer". Selon le président du tribunal, "les mots sont explicites, il n'y a pas d'interprétation possible". Quatre jours plus tard, Yassin El Himar a posté une photo de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem avec un drapeau palestinien, interprété par certains comme un message prônant une invasion. L'homme de 32 ans avait été interpellé à sa descente d'un avion venant de Jordanie, à l'aéroport de Marignane, dans la nuit de lundi à mardi.
Interdit d'exercer durant un an
Le procureur avait requis une peine de huit mois ferme et un mandat de dépôt, mais l'imam a finalement écopé d'une peine plus clémente. Toutefois, il est désormais inscrit au Fichier des auteurs d'infractions terroristes (FNAIT) et a l'interdiction d'exercer la fonction d'imam pendant un an.
Lors de l'audience, quatre fidèles de la mosquée de Beaucaire sont venus témoigner en faveur de l'imam, assurant qu'il est opposé à tout discours radical et n'a jamais tenu de propos belliqueux. "Dans ses prêches, il n’appelle qu’à l’apaisement", a souligné l'un d'eux. De leur côté, les parties civiles, représentées par Me Andréa Assor-Doukhan pour l'Organisation juive européenne et Me Corinne Serfati pour le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme, ont qualifié l'imam de "propagateur de haine" et d'"empoisonneur public".
La défense, assurée par Me Saphia Boukhari-Faghar, a plaidé la relaxe et dénoncé la procédure de comparution directe, la qualifiant d'"impossible en l'état". "Son but ultime n’est pas de générer de la haine", a-t-elle affirmé.