Le vendredi 8 avril 2022 à 16:14 - MAJ samedi 9 avril 2022 à 00:23
Le parquet de Pontoise (Val-d'Oise) a annoncé vendredi avoir "interjeté appel" de la décision rendue jeudi par le tribunal pour enfants pour le meurtre d'Alisha, au lendemain de la condamnation de deux adolescents à dix ans de réclusion criminelle.
Le garçon et la fille de 16 ans comparaissaient initialement pour l'"assassinat" de la collégienne, battue et morte noyée dans la Seine en mars 2021 à Argenteuil, mais au terme de quatre jours de procès à huis clos, le tribunal a décidé de requalifier les faits en "meurtre sur mineur de 15 ans", sans retenir le caractère prémédité des faits. "Il n'apparaît pas d'éléments suffisamment caractérisés" prouvant la volonté "d'actes préparatoires" en vue de la mort de la jeune fille, même si les adolescents avaient "pleine conscience" de sa détresse, avait estimé le président du tribunal. Leur procès en appel se tiendra devant la chambre des mineurs de la cour d'appel de Versailles (Yvelines).
«C'est pas normal, j'attendais quelque chose de la loi»
La condamnation jeudi soir avait été accueillie avec incompréhension et colère par les parties civiles et leurs nombreux soutiens. "C'est pas normal, j'attendais quelque chose de la loi. Eux ils vont sortir dans dix ans. Ma fille a été tuée", avait crié la mère de la victime dans les couloirs du palais de justice de Pontoise.
Pour Me Nadège Pain, avocate de la famille d'Alisha, "personne ne peut se réjouir d'un procès en appel dans le cadre de cette affaire". "Néanmoins et compte tenu du décalage entre d'une part les réquisitions, les qualifications juridiques retenues ainsi que leurs motivations et d'autre part les peines prononcées, il était inenvisageable voire impossible d'en faire l'économie", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Sollicité par l'AFP, l'avocat de l'adolescent Me Frank Berton, qui soulignait jeudi "une décision remplie de sagesse et aussi de mesure", n'a pas souhaité commenter l'appel du parquet.
Jetée dans la Seine
La collégienne a succombé le 8 mars 2021 après un guet-apens tendu par deux camarades de classe à Argenteuil, au nord-ouest de Paris, selon les éléments rapportés par le procureur Éric Corbaux à l'époque des faits. Au pied des piliers du viaduc de l'autoroute A15 qui enjambe la Seine, la jeune fille avait retrouvé une fille de sa classe. Quelques minutes plus tard, un garçon s'était approché d'elle pour lui asséner de multiples coups dont certains au visage, puis elle avait été jetée dans la Seine, avait détaillé le magistrat. L'autopsie a conclu à une mort par noyade.
Les trois collégiens, scolarisés au lycée professionnel Cognacq-Jay, un établissement privé d'Argenteuil, entretenaient initialement de bons rapports. Ceux-ci se sont dégradés sur fond d'amourettes et de "futilités" adolescentes marquées par du harcèlement, avait pointé Éric Corbaux, procureur de la République de Pontoise à l'époque du drame.