Le lundi 27 juin 2022 à 17:10
Le procès de trois policiers, jugés pour la mort en 2015 d'un homme, Amadou Koumé, lors de son interpellation avec une clé d'étranglement, s'est ouvert lundi à Paris.
"C'est de la vie d'un homme et plus exactement de la mort d'un homme, que le tribunal va parler", a déclaré le président du tribunal, avant de lire les infractions pour lesquelles les fonctionnaires de 45, 47 et 62 ans doivent comparaître pendant trois demi-journées.
Dans la nuit du 5 au 6 mars 2015, la police avait été appelée dans un bar près de la gare du Nord à Paris, en raison du comportement agité d'un homme manifestement en proie à des troubles psychiques. Lors de l'interpellation, un policier de la brigade anti-criminalité (BAC) avait réalisé deux clés d'étranglement sur Amadou Koumé, la première pendant quelques secondes et la deuxième pendant près de deux minutes alors qu'il était maintenu sur le ventre, face contre terre et mains dans le dos.
Au total, M. Koumé était resté dans cette position pendant plus de six minutes. Il avait ensuite été transporté dans un car de police et son décès avait été constaté au commissariat.
L'expertise médicale finale menée au cours de l'instruction a conclu qu'il avait succombé à un "œdème pulmonaire" causé par "une asphyxie mécanique lente". Elle ajoutait que "le traumatisme cervical et laryngé" entraîné par la clé d'étranglement avait "participé à la survenue de cette asphyxie", également "favorisée" par son immobilisation au sol.
«Manquements» et «négligences»
Le policier auteur des clés d'étranglement avait été mis en examen pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", ce qui aurait pu le mener aux assises, mais il a finalement été renvoyé devant le tribunal pour "homicide involontaire", comme les deux autres prévenus.
Les policiers sont jugés pour des "manquements" et "négligences" : il leur est reproché des "gestes mal maîtrisés" et la poursuite de l'immobilisation prolongée au sol d'Amadou Koumé alors qu'il "ne présentait plus aucun danger pour autrui" et ce, sans "s'enquérir de son état de santé".
Le nom d'Amadou Koumé fait partie de ceux scandés lors des manifestations contre les "violences policières" ces dernières années. La femme de Cédric Chouviat, mort en janvier 2020 lors d'un contrôle policier là aussi avec une clé d'étranglement, ainsi qu'Amal Bentounsi, fondatrice du collectif "Urgence la police assassine", doivent témoigner au procès mardi.
Technique controversée, la clé d'étranglement, proscrite dans la gendarmerie et remplacée officiellement depuis juillet 2021 dans la police, est au cœur de plusieurs enquêtes ouvertes après le décès d'hommes interpellés.