Le vendredi 3 janvier 2025 à 15:51
Trois policiers seront jugés à Paris pour homicide involontaire, accusés d’avoir causé la mort de Cédric Chouviat, 42 ans, lors d’une interpellation survenue le 3 janvier 2020, comme l'a révélé Mediapart ce vendredi.
Cédric Chouviat, livreur à scooter, avait été immobilisé et plaqué au sol à Paris, casque de moto toujours sur la tête. Durant l’interpellation, il avait répété plusieurs fois "j’étouffe" en treize secondes avant de perdre connaissance. Transporté à l’hôpital dans un état critique, il est décédé le 5 janvier 2020, à l’âge de 42 ans.
Selon l’ordonnance de renvoi consultée par l’AFP, les magistrats instructeurs estiment que les policiers ont eu un "comportement non adapté, négligent et imprudent", causant l’asphyxie fatale de ce père de famille. Une quatrième policière impliquée dans l’opération, placée sous le statut de témoin assistée, ne sera pas jugée. Au cours de l’enquête, les policiers mis en cause ont contesté avoir perçu les signes d’asphyxie de la victime. "Si on avait entendu même une fois l’expression 'j’étouffe', on se serait arrêté", avait affirmé en juillet 2020 le principal mis en cause devant le juge d’instruction.
L’avocat de la famille Chouviat, Me Arié Alimi, a salué le renvoi devant le tribunal correctionnel comme "une étape importante pour la famille de Cédric". Il a ajouté que l’audience serait "le lieu et le temps de débats importants sur le fonctionnement de l’institution policière et de l’institution judiciaire". Les avocats Mes William Bourdon et Vincent Brengarth ont également qualifié ce renvoi d'"étape cruciale", tout en critiquant la qualification retenue d’homicide involontaire, qu’ils jugent insuffisante. Ils estiment que cette qualification "dénature et occulte" le caractère "volontaire" des gestes incriminés.
Me Pauline Ragot, avocate de deux des policiers mis en cause, indique avoir fait appel de l’ordonnance rendue le 17 décembre.