Le jeudi 21 novembre 2024 à 18:13 - MAJ jeudi 21 novembre 2024 à 18:39
Le chef pâtissier Yazid Ichemrahen, champion du monde des desserts glacés en 2014 et devenu chef pâtissier au Royal Monceau-Raffles à Paris au printemps dernier, a été condamné lors d'une audience correctionnelle au tribunal de Paris, le 20 septembre 2024, à une peine de 6 mois d'emprisonnement avec sursis, 6000 euros d'amende, et deux ans d'inéligibilité, pour des faits d'escroquerie, a appris Actu17. Une information confirmée par le parquet de Paris. Âgé de 33 ans et soupçonné d'avoir mis en scène le cambriolage de son appartement pour percevoir des indemnités de son assurance, Yazid Ichemrahen a fait appel de cette décision. Un nouveau procès va avoir lieu et le chef pâtissier reste à ce stade présumé innocent.
Les faits remontent à la nuit du samedi 8 au dimanche 9 février 2022, dans le XVIe arrondissement de Paris. Yazid Ichemrahen a déclaré aux policiers qu'il avait été cambriolé et qu'il s'était aperçu du vol par effraction à son retour chez lui le dimanche après-midi. Il précise que des bijoux, des vêtements de luxe et les clefs de son Audi RS6 ont disparu. Une enquête est alors ouverte et confiée aux policiers du 1er district de police judiciaire (DPJ). Les fonctionnaires ont rapidement des doutes sur les déclarations du plaignant. En exploitant les vidéoprotections de son immeuble, ils constatent que Yazid Ichemrahen a quitté son domicile à 23h30 le samedi soir.
Sur les images de vidéoprotection, les enquêteurs aperçoivent un homme, capuche sur la tête, qui entre dans le hall de l'immeuble en prenant soin de dissimuler son visage, puis qui repart environ une demi-heure plus tard avec deux sacs poubelles. Une Audi RS6 est également aperçue quittant le secteur de l'immeuble. Durant leurs investigations, les policiers découvrent que la voiture de luxe rentre dans un parking près des Champs-Élysées quelques minutes plus tard. Le lendemain matin vers 8 heures, la voiture ressort du parking et son conducteur paye avec une carte bancaire au nom de Yazid Ichemrahen. Un moyen de paiement qui n'a pas été signalé volé par le chef pâtissier.
Placé en garde à vue le 3 novembre 2022, Yazid Ichemrahen - dont le parcours est retracé dans le film "À la belle étoile", sorti en 2023 - a fini par reconnaître les faits face aux enquêteurs et aurait évoqué "des difficultés financières". Il devait être jugé dans le cadre d'une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), début 2023, avant de renoncer à cette procédure dite du "plaider-coupable".
Des demandes pour faire retirer notre article
Trois semaines après ce jugement en première instance, Mélik Menacer, dirigeant de l'agence d'influence et relations médias Pliive, a contacté Actu17. "Je me permets de vous écrire concernant un article diffusé sur votre site internet faisant référence à un article du JDD. Ce dernier article, à charge contre mon client, a été supprimé du site du JDD car il comportait des accusations fausses", écrit-il. Le Journal du Dimanche (JDD) avait révélé le placement en garde à vue de Yazid Ichemrahen, et les contours de cette affaire, dans un article qui a depuis été supprimé. Pour justifier sa demande à Actu17, Mélik Menacer affirme que "Yazid Ichemrahen a été blanchi", en citant un article d'un média local de la Marne, L'Hebdo du vendredi. Un article à décharge, étayé de fausses informations, publié le 3 mai 2023.
Plus récemment, le 13 avril 2024, un article du Figaro, qui revient sur le parcours difficile et l'ascension spectaculaire de Yazid Ichemrahen dans la pâtisserie, évoque également cette fausse information : "En 2022, il est soupçonné d'avoir organisé le cambriolage de son propre appartement du 16e arrondissement pour arnaquer son assurance, avant d’être blanchi", écrit notre confrère, qui a manifestement été roulée dans la farine.
Après notre réponse à Mélik Menacer afin d'obtenir des précisions concernant le fait que son client a été blanchi, ce dernier nous a répondu en évoquant "le droit à l'oubli", s'appuyant sur un article du règlement général sur la protection des données (RGPD), tout en soulignant : "J’en appelle pas au droit, j’en appelle à votre humanité. Auquel cas, la demande serait venue de son avocat". Son e-mail était accompagné d'un courrier de Me Arié Alimi, avocat de Yazid Ichemrahen, daté du 31 mars 2023, dans lequel il écrit, à l'attention de son client : "À ce jour, aucune procédure n’est diligentée à votre encontre pour des faits d’escroquerie à l’assurance. Concernant les faits reprochés en date du 3 novembre 2022, aucun jugement n’a été rendu et les poursuites sont à ce jour terminées". Mélik Menacer a de nouveau relancé Actu17 par e-mail le 25 octobre dernier, pour réclamer la suppression de notre article du 5 novembre 2022.
«Ce n'est pas vrai ce qu'on raconte sur moi»
"Je suis profondément meurtri par la façon dont les choses se passent", réagit Yazid Ichemrahen ce jeudi après-midi par téléphone, au sujet de cette affaire d'escroquerie et de sa condamnation en première instance. "J'ai porté plainte contre la police pour violation du secret de l'enquête et diffamation, après la diffusion du premier article [dans le JDD]. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a trouvé la personne [le policier] qui a manqué à ses obligations professionnelles. Ce n'est pas vrai ce qu'on raconte sur moi. J'ai fait appel et nous attendons la suite. La seule raison pour laquelle j'ai fait appel, c'est pour restaurer mon image".
Sollicité, l'avocat de Yazid Ichemrahen, Maître Arié Alimi, n'a pas donné suite. Mélik Menacer n'a pas souhaité réagir.