Le samedi 29 juin 2024 à 19:04
Amandine Giraud, une policière de 27 ans, était affectée à la brigade fluviale de la préfecture de police de Paris, lorsqu'elle a été emportée par le violent courant de la Seine en crue durant un entraînement, le 5 janvier 2018, avant de mourir noyée. Son corps avait été repêché près de quatre mois plus tard, le 29 avril. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a estimé qu'il a eu des "dysfonctionnements professionnels" ce jour-là et le juge d'instruction a estimé que deux policiers, Julien R. et Vincent E., devaient être jugés pour "homicide involontaire". Ils ont comparu ce jeudi au tribunal correctionnel de Paris, raconte Le Parisien.
Cet entraînement s'est déroulé dans le bras de la Monnaie, qui longe l'Île de la Cité. Julien R., 41 ans, gardien de la paix, était le pilote du bateau et moniteur de plongée, tandis que Vincent E., 43 ans, brigadier, était le chef de bord le jour du drame. Après plus de 7 heures de débats techniques, le parquet a requis des peines respectives de 2 ans de prison avec sursis et 18 mois de prison avec sursis à l'encontre des deux fonctionnaires. Aucune interdiction d'exercer n'a été requise.
Amandine Giraud était arrivée à la brigade fluviale en 2014 et avait obtenu son habilitation de plongeuse opérationnelle un mois avant sa mort. "Elle aimait l’eau. (...) elle est entrée dans la police pour ça", a confié sa mère, Elysabeth. "Elle était maître-nageuse sauveteuse l'été", a-t-elle raconté, estimant qu'Amandine est "morte pour rien". La mère de la jeune policière a déclaré vouloir des réponses.
«Fragile sur le plan technique»
L'enquête a montré que les collègues de la jeune policière savaient qu'elle était "encore fragile sur le plan technique". Certains policiers ont déclaré durant leurs auditions qu'ils n'auraient pas plongé dans de telles conditions, le jour du drame, indique Le Parisien. Julien R. a lui expliqué qu'il était tout à fait possible de plonger ce matin-là. "Lors de la crue de 2016, le référent plongée avait interdit toutes les plongées on ne pouvait faire que les interventions en surface", a-t-il déclaré. Une interdiction qu'"on n'avait pas" ce jour-là. "L’expérience, on se la forge en s’entraînant", a-t-il lancé, décrivant Amandine comme "une amie, une collègue que j'ai formée". "Si j’avais pensé mettre en danger les plongeurs, je n’y serais pas allé".
Du côté du matériel, le gilet stabilisateur, qui aurait permis à Amandine de remonter à la surface en se gonflant d'air, n'était pas opérationnel. Julien R. a précisé avoir entendu de l'air sortir du détendeur au moment des vérifications, mais qu'il s'agissait en fait probablement de l'air résiduel. En outre, la décision a été prise de couper la ligne de vie reliant Amandine au zodiac par mesure de sécurité, malgré le fait que c'est normalement au plongeur de le faire.
«Je les trouve vraiment incompétents et lâches»
La procureure de la République a évoqué un "certain nombre de décisions inadaptées". De son côté, Elysabeth a réagi auprès de RMC, affirmant qu'elle "ne veux plus qu'ils [les deux prévenus] fassent partie de la police. Je les trouve vraiment incompétents et lâches, donc j'attends vraiment des sanctions fortes". Le délibéré du tribunal sera rendu fin septembre.