Le mardi 15 février 2022 à 16:00
Un jeune homme "dans sa bulle", qui n'a trouvé sa place que sur les réseaux sociaux et en se convertissant à l'islam: la cour d'assises de Paris a entendu mardi Jean-Philippe Jean Louis, un des accusés du procès de l'assassinat du père Hamel à Paris. Jacques Hamel, prêtre de 85 ans, avait été tué à coups de couteau le 26 juillet 2016, devant l'autel de son église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), par deux jeunes islamistes, Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean.
Les deux assaillants, âgés de 19 ans, ont été tués par la police à leur sortie de l'église. L'instigateur présumé, le propagandiste de l'organisation État islamique Rachid Kassim, est probablement mort en Irak et jugé en son absence.
Poursuivi avec deux autres proches des agresseurs pour association de malfaiteurs terroriste, Jean-Philippe Jean Louis est notamment accusé d'avoir administré une chaîne de propagande jihadiste sur la messagerie cryptée Telegram. L'accusation lui reproche également d'avoir créé des cagnottes en ligne pour soutenir des candidats au départ en Syrie et d'avoir lui-même tenté de rejoindre ce pays quelques semaines avant l'attentat, en compagnie d'Abdel-Malik Petitjean. Il a répété mardi qu'il contestait ces faits.
De petite taille, d'allure frêle malgré ses 25 ans, le jeune homme a retracé son enfance, marquée par une naissance très prématurée synonyme de problèmes de santé et de longues périodes d'hospitalisation, accompagnés par la "surprotection" décrite comme "étouffante" de sa mère d'origine haïtienne et de ses sœurs.
Des groupes qui prônent l'islam radical
Placé en foyer à ses 12 ans, l'accusé décrit, d'abord de façon elliptique puis, poussé par son avocat, plus précisément, une ambiance de "violence constante", qui l'a poussé à s'isoler dans sa chambre "le plus possible", pour se protéger. Comme son isolement a coïncidé avec sa conversion à l'islam en 2014, ses éducateurs se sont inquiétés d'« un repli radical » dans la religion, d'« une fuite d'un extérieur vécu comme hostile et d'une forme de dépression ».
Revenu chez sa mère en 2015, il ne quitte presque plus sa chambre et se réfugie sur internet. "Comme j'avais rien d'autre autour, je pense que je me suis rattaché à ça", explique-t-il, acquiesçant lorsque le président lui demande s'il était "imbibé" via les réseaux sociaux. Il fréquente alors des groupes qui prônent l'islam radical, entre en contact sur Facebook avec une jeune fille qui rejoindra peu après la Syrie. "Ce monde virtuel, c'est exclusivement votre relationnel au moment des faits ?", l'interroge l'avocate générale. "Oui", répond-il.