Le jeudi 11 juin 2020 à 11:54
Environ 70 policiers étaient réunis sur la place Masséna de Nice ce mercredi soir. Un rassemblement spontané alors qu'aucun mot d'ordre n'avait été passé par un syndicat ou une association.
Ces fonctionnaires affectés dans les différentes unités du commissariat ont décidé de montrer leur agacement et leur colère dans cette période où ils sont pointés du doigt, accusés de racisme et de contrôles au faciès notamment. Une situation de défiance et d'hostilité qui fait suite au décès de Georges Floyd, après son arrestation à Minneapolis, aux États-Unis.
#Nice une cinquantaine de collègues sur la place Massena pour marquer leur dépit et leur malaise après les déclarations du Ministre de l’Interieur @usgp06 solidaire de cette action. #Gyro2Tons pic.twitter.com/mxyqHEDMrj
— UNITE SGP POLICE 06 (@usgp06) June 10, 2020
Pour symboliser leur action, les policiers ont posé leurs paires de menottes au sol.
La fin de la technique dite "d'étranglement" au centre du problème
Un rassemblement qui fait également suite aux dernières décisions du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner ce lundi, qui a annoncé la fin de la méthode dite « d'étranglement », régulièrement utilisée par les policiers et les gendarmes pour maîtriser un individu dangereux ou violent, qui refuse de se laisser interpeller.
Les syndicats de policiers sont unanimes : comment les fonctionnaires vont-ils désormais pouvoir neutraliser un homme avec un imposant gabarit sans pouvoir utiliser cette technique ? Le syndicat Alliance police nationale a rapidement réclamé la dotation d'un pistolet à impulsion électrique (PIE) pour chaque agent, afin de compenser la disparition de cette technique. Le ministre de l'Intérieur aurait décidé de généraliser l'emploi de cette arme intermédiaire et doit l'annoncer aux organisations syndicales ce jeudi et ce vendredi.
Ce mercredi, Alliance a demandé dans un communiqué "le maintien de la méthode du «contrôle tête» et la possibilité de l’utiliser jusqu’à son remplacement". Les PIE sont actuellement peu nombreux dans les commissariats de France et il n'y a, pour l'heure, pas de quoi équiper au moins un fonctionnaire par patrouille.
Le syndicat Unité SGP Police FO réclame lui aussi le maintien de la technique du "contrôle de tête" ainsi que "l’expérimentation sur 2 ou 3 départements du PIE nouvelle génération avec un bilan sous 3 mois", précise-t-il dans un communiqué.
"On bafoue nos droits et la présomption d’innocence"
« Je veux une tolérance zéro contre le racisme dans les forces de l’ordre », a expliqué Christophe Castaner ce lundi. « Chaque soupçon avéré de racisme » entraînera une suspension, a-t-il prévenu. Une annonce qui a également mis le feu aux poudres chez les forces de l'ordre.
"On bafoue nos droits et la présomption d’innocence", s'est exclamée Karine Jouglas, secrétaire départementale d’Alliance dans les Alpes-Maritimes, à Nice Matin. "Beaucoup de ceux qui nous critiquent ignore la réalité de notre métier, la détresse des habitants des cités qui subissent la délinquance au quotidien", a-t-elle poursuivi.
"Ils ont envie de rendre les armes"
Laurent Martin de Frémont, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police FO, a également évoqué le ras-le-bol des policiers ce jeudi matin au micro de France Bleu.
"J'ai eu mes collègues encore au téléphone ce matin, ils ont envie de rendre les armes. C'est ce qu'on veut en France ? Est-ce-qu'on veut aujourd'hui que la police rende les armes ?", a-t-il lancé, évoquant de la "colère", du "dépit", et "un mélange d'incompréhension" chez les policiers du département.