Le mercredi 22 janvier 2025 à 14:00
Le parquet de Paris a dénoncé ce mercredi une "fuite prématurée" du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, concernant l'interpellation de Rafik Meziane, un influenceur algérien également connu sous le pseudonyme de "DJ Rafik".
Dans un tweet publié dans la matinée, Bruno Retailleau a annoncé l'arrestation de Rafik Meziane, l'accusant d'"appeler à commettre des actes violents sur le territoire français" via son compte TikTok, aujourd’hui suspendu. Cette déclaration a suscité une réaction ferme du ministère public. "Seule l’autorité judiciaire est légitime à communiquer sur une affaire judiciaire en cours", a rappelé le parquet à l’AFP, qualifiant cette communication de "tout à fait prématurée".
Le parquet a précisé que l’intervention de ce mercredi matin avait pour but de mener une perquisition afin de saisir le matériel informatique de Rafik Meziane. "Le pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) enquête sur un signalement effectué sur la plateforme PHAROS et portant notamment sur une republication de vidéo sans commentaire. Il a donc été procédé à une perquisition afin de saisir le matériel informatique et vérifier si des éléments matériels permettraient ou non de qualifier une infraction", a détaillé le ministère public.
«À ce stade, rien n’est retenu contre la personne concernée»
Contrairement à l’annonce initiale du ministre, Rafik Meziane n’était pas placé en garde à vue. "À ce stade, rien n’est retenu contre la personne concernée, qui doit en outre suivre des soins. Elle n’est à cette heure pas en garde à vue", a ajouté le parquet. Selon des sources proches du dossier, l'état de santé de l'influenceur a été jugé incompatible avec une mesure de garde à vue, ce qui a conduit à sa remise en liberté, en attendant une possible convocation ultérieure.
Depuis le début de janvier, plusieurs influenceurs algériens, ainsi qu’une Franco-Algérienne, ont fait l’objet de procédures judiciaires en France pour des propos jugés haineux. Bruno Retailleau s’est montré déterminé à lutter contre ces contenus, affirmant dans de précédentes interviews vouloir "arrêter toutes les personnes qui menacent l'intégrité physique de personnes sur le sol français".
«Il fait preuve d’une grande détermination»
Interrogée sur ce sujet ce mercredi, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a défendu l’action du ministre. "Lorsqu’il y a des tweets d’influenceurs qui appellent à la violence, il a la même réaction que de saisir la justice. Il fait preuve d’une grande détermination, c’est ce que nous demandent les Français en matière de sécurité", a-t-elle déclaré.
Cette affaire intervient également dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l'Algérie. Bien que Bruno Retailleau ait récemment exprimé son souhait de "normaliser notre relation diplomatique avec l’Algérie", les tensions autour de plusieurs dossiers, dont l’incarcération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal en Algérie, demeurent vives.