JO 2024 : Dans les coulisses du RAID, du GIGN et de la BRI Paris, un documentaire inédit

À l'approche des Jeux olympiques de Paris, les unités d'élite du RAID, du GIGN et de la BRI Paris se sont préparées à assurer la sécurité de l'événement international majeur. Nous avons interrogé Guillaume Farde qui a participé à la réalisation du documentaire "JO 2024 : au cœur des unités d’élite", qui offre une plongée exclusive dans la préparation de ces policiers d'élite.
JO 2024 : Dans les coulisses du RAID, du GIGN et de la BRI Paris, un documentaire inédit
Des policiers de la BRI Parisienne lors d'une simulation dans le métro. (capture écran Ligne Rouge / BFMTV)
Par Stéphane Cazaux
Le dimanche 21 juillet 2024 à 19:34 - MAJ dimanche 21 juillet 2024 à 20:58

C'est une immersion inédite dans le quotidien des trois unités d'élite d'intervention de la police et la gendarmerie, le RAID, le GIGN et la BRI Paris. Ces policiers et gendarmes se sont préparés à participer à la sécurisation de cet événement international et à intervenir en cas de situation de crise. L'équipe de Ligne Rouge a travaillé près de six mois pour proposer le documentaire "JO 2024 : au cœur des unités d’élite". Pour comprendre les coulisses de cette préparation et l'importance de la coopération entre ces trois unités, nous avons interrogé Guillaume Farde, Professeur affilié à l’École d’affaires publiques de Sciences Po, qui a contribué à la réalisation de ce documentaire. Il nous livre les dessous de ce projet unique, ses motivations, et les moments forts de ce tournage.

Actu17 : D'abord, pourriez-vous nous présenter la genèse du documentaire "JO 2024 : au cœur des unités d’élite" consacré au RAID, au GIGN et à la BRI Paris ?

Guillaume Farde : Lors de la cérémonie de passation de commandement au RAID à la fin du mois de janvier, lorsque Guillaume Cardy succédait à Jean-Baptiste Dulion, j’écoutais le ministre de l’Intérieur insister sur la coopération des trois unités dans la perspective des Jeux olympiques. Plus il déroulait son discours, plus je me disais qu’il fallait absolument raconter la petite histoire dans la grande.

Car, ceux qui connaissent ces unités savent que ce n’était pas si naturel que cela de coopérer de façon si intégrée et que les relations n’ont pas toujours été au beau fixe. Pour les Jeux olympiques, la BRI Paris aurait très bien pu dire que dès l’instant où les jeux se déroulent à Paris, les deux autres unités n’avait à y jouer qu’un rôle mineur. Or c’est précisément le contraire qui s’est passé.

Trois chefs qui s’entendaient bien dans la vie Simon Riondet, Ghislain Réty et Jean-Baptiste Dulion ont décidé de jouer collectif dans l’intérêt supérieur du pays.

Je voulais vraiment leur rendre hommage et montrer aux téléspectateurs que non seulement la coopération entre ces trois unités est très fluide mais que, surtout, leur niveau d’expertise fait qu’on peut raisonnablement avoir confiance dans la capacité de la France à relever le défi de la sécurité des Jeux.

Quels rôles vont avoir ces trois unités dans la sécurisation des Jeux olympiques et comment vont-elles se répartir les missions ?

On pourrait diviser très schématiquement en trois la répartition de leurs missions selon leurs vecteurs de déplacement : terre, air, mer.

La BRI Paris assure des missions de sécurité terrestre, tandis que le GIGN dispose d’une réserve d’intervention héliportée et le RAID d’une réserve d’intervention nautique avec ses zodiacs sur la Seine. Cette présentation bien que véridique, est assez réductrice. En pratique, les trois unités seront toutes les trois très impliquées dans la sécurité des athlètes, des autorités, des bâtiments sensibles… et ce, pendant toute la durée des Jeux.

Y a-t-il des différences notables dans les méthodes d'intervention, dans des situations de crise, entre ces trois unités d'élite ?

Chaque unité dispose d’une identité forte. Et comment pourrait-il en être autrement quand on a derrière soi 60 ans d’histoire pour la BRI, 50 ans pour le GIGN et presque 40 ans pour le RAID avec des interventions qui ont fait l’Histoire ?

Si les manières de faire diffèrent parfois, il est absolument indiscutable que chacune de ses unités est composée de femmes et d’hommes extrêmement professionnels et animés d’un culte de la mission. Cela fait bientôt 15 ans que j’ai l’honneur de les suivre et je suis à chaque fois frappé par leur sens de l’engagement. Pour chaque mission, ils se donnent à 200%.

Au sujet de la cérémonie d’ouverture des Jeux, on me dit souvent que je serais trop optimiste voire naïf car je ne rajoute pas ma petite dose de propos anxiogènes à ceux des autres commentateurs.

J’entends ces critiques mais quand je vais sur le terrain avec ces unités et que je vois leur niveau d’excellence comment voudriez-vous que je doute de quoi que ce soit ? Bien sûr je reste lucide sur le niveau de la menace mais cela ne m’empêche pas de constater qu’il y a un sacré niveau de réponse en face. Personnellement cela me rassure et cela me conforte dans l’idée que la France est un grand pays.

Combien de temps a duré la conception de ce reportage et les interviews ?

Courant janvier j’ai appelé personnellement chaque chef d’unité d’intervention pour m’assurer que chacun validait bien la démarche. On ne fait pas un documentaire comme celui là, le premier dans l’histoire de l’audiovisuel français à suivre ces trois unités en même temps, sans l’accord de leurs chefs respectifs.

J’en ai également parlé au Préfet de Police de Paris, au Directeur général de la Gendarmerie nationale et au Directeur général de la Police nationale. Ensuite j’ai demandé l’autorisation officielle au Ministre puis j’ai informé les services de communication du ministère, de la Préfecture de Police, de la DGGN et de la DGPN de notre démarche.

Côté BFMTV, je n’étais évidemment pas seul. D’ailleurs, c’était plutôt moi qui étais en soutien des équipes de Ligne Rouge que l’inverse ! J’ai eu ainsi l’honneur et le plaisir de travailler avec des gens très talentueux, Jérémie Paire qui a réalisé le documentaire et Étienne Grelet et Juan Palencia pour les images qui étaient deux orfèvres, il n’y a pas d’autre mot !

Côté calendrier, fin janvier nous avons eu une première réunion de cadrage à Beauvau puis nous avons très vite préparé la séquence à Marseille pour l’arrivée de la flamme.
De son côté, la BRI Paris nous a organisé un exercice dans le métro au milieu de la nuit et le RAID nous a emmenés sur ses zodiacs. Côté GIGN, les contraintes opérationnelles liées à la Nouvelle-Calédonie nous ont obligés à revoir un peu nos ambitions mais nous avons eu le privilège d’être remarquablement accueillis pour les 50 ans de l’unité au mois de juin, ce qui fut l’occasion de tourner de très belles images d’une attaque de convoi où le général Pétillot a servi de plastron !

En tout, cela a représenté cinq mois et demi de travail pour seulement 20 minutes à l’arrivée mais c’est la dure loi des documentaires.

Avez-vous une anecdote au sujet du documentaire ou de sa réalisation ?

Lors de l’exercice de la BRI dans le métro, sortir du 36 à 2 heures du matin et emprunter les quais en convoi avec gyrophares (pas de deux tons pour préserver les riverains !) ça n’a pas de prix !

Côté RAID, c’était sans conteste l’observation du vieux port de Marseille avec les THP notre souvenir le plus fort : quel point de vue privilégié pour voir le spectacle !
Avec le GIGN, après le tournage des démonstrations dynamiques pour les 50 ans, j’al retrouvé Christian Lambert qui venait d’être décoré. Il a le brevet numéro 20, vous vous rendez compte ! On s’est assis lui et moi sur un gradin puis on a très longuement parlé du GIGN des années 1970. Il est des moments qu’on n’oublie pas.

"JO 2024 : au cœur des unités d’élite" est disponible sur sur RMC BFM Play gratuitement. Vous pouvez y accéder ici.