«Être flic, c’est avant tout un état d’esprit» : les secrets de figures de la police dévoilés par Guillaume Farde dans «Flics Stories»

Dans son dernier ouvrage "Flics Stories", Guillaume Farde rassemble des témoignages poignants de dix personnalités qui ont marqué l'histoire de la police et de la gendarmerie nationale. Professeur affilié à l’École d’affaires publiques de Sciences Po, il offre à travers ce livre un aperçu rare sur la vie et les moments clés de ces figures emblématiques.
«Être flic, c’est avant tout un état d’esprit» : les secrets de figures de la police dévoilés par Guillaume Farde dans «Flics Stories»
Guillaume Farde nous présente son nouveau livre, "Flics Stories", tiré de la série de podcasts.
Par Stéphane Cazaux
Le samedi 11 mai 2024 à 16:05 - MAJ samedi 11 mai 2024 à 16:18

C'est un recueil d'anecdotes et de moments marquants racontés par dix figures emblématiques de la police et la gendarmerie nationale. Le livre "Flics Stories", initialement sous la forme de podcasts, regroupe ces dix interviews réalisées par Guillaume Farde, professeur affilié à l’École d’affaires publiques de Sciences Po et conseiller scientifique de la spécialité sécurité-défense, qui est également à l'origine du projet. Il a répondu à nos questions ce vendredi.

Actu17 : Quelle a été votre principale motivation pour réaliser ce livre et ces podcasts ?

Guillaume Farde : Entre mes diverses activités, qu’elles soient d’enseignement, de recherche ou encore audiovisuelles, j’ai la chance de côtoyer beaucoup de policiers et de gendarmes. J’ai ainsi pu observer à quel point l’expérience des plus anciens compte pour ceux qui débutent leur carrière dans un milieu où l’apprentissage des nouveaux venus passe énormément par la transmission de ceux qui les ont précédés. Partant de ce constat que les expériences des grands flics comme on dit familièrement, gagneraient à être mieux connues des policiers et gendarmes eux-mêmes, mais aussi du grand public, j’ai imaginé ce podcast, "Flic stories" qui est, désormais, aussi un livre.

Pourriez-vous nous parler d'un moment marquant ou émouvant racontés durant vos interviews avec ces grands noms de la police et la gendarmerie ?

Il y en a plusieurs. Parmi les plus durs, en termes d’intensité de l’interview, il y a incontestablement ce moment où Denis Favier évoque la disparition de son fils Jérôme qui, comme lui, avait fait le choix d’une carrière d’excellence, en servant au sein de la prestigieuse force intervention du GIGN. C’était un moment difficile de l’interview pour des raisons que chacun peut comprendre mais, pour Denis Favier, il était important d’évoquer la mémoire de son fils.

Dans le même registre, Christophe Molmy évoque la nuit du 13 novembre 2015 et la découverte de son meilleur ami, Fabrice, dans la fosse du Bataclan, après l’assaut. C’est la tragédie dans la tragédie. Cet épisode très douloureux lui a inspiré l’écriture d’un polar "la fosse aux âmes", qu’on aborde longuement ensemble.

Ange Mancini et Marc Caliaros racontent, pour leur part, ces moments terribles où ils ont dû annoncer aux familles, la mort en service d’un de leurs hommes et cet instant où ils sont reconnus dans la rue par une mère, une femme ou un fils qui, en un regard, comprennent, ou non, le drame qui vient de se produire.

Ce sont des moments lourds dans une interview mais la mort fait, hélas, pleinement partie du métier de policier et de gendarme et si ces podcasts et à présent ce livre, peuvent faire comprendre que celles et ceux qui portent un uniforme n’exercent pas un métier ordinaire, l’objectif aura été atteint.

Quelle est, selon vous, l’intervention ou l’anecdote la plus surprenante ou inattendue ?

Parmi les anecdotes, je pense à ce moment où Sophie Hatt raconte que, jeune commissaire, elle était à la tête du commissariat du 3e arrondissement de Paris où elle reçoit la visite d’un étudiant lui demandant des renseignements sur les métiers de la police. Et quelle ne fut pas sa surprise de découvrir, près de 20 ans après ce premier échange dans son bureau, que cet étudiant était devenu commissaire de police en suivant ses conseils et qu'il n’était autre que Guillaume Cardy, l’actuel chef du RAID, rendu célèbre par son action héroïque au Bataclan, le 13 novembre 2015.

De manière plus générale, j’étais aussi surpris de voir comment les grands flics de PJ n’hésitaient à aller manger avec des bandits pour les faire parler hors PV, comme on dit. C’était faire en sorte qu’ils se mettent à table au sens propre du terme ! Charles Pellegrini raconte ainsi comment il a convié le célèbre criminel Edmond Vidal du gang des lyonnais, à manger une entrecôte tandis que lui engloutissait une andouillette. Martine Monteil confie qu’elle a offert une pizza à la proxénète Madame Claude.

Quelle est la leçon ou le message que vous souhaiteriez que les lecteurs retiennent de ces récits ?

Qu’il y a un point commun entre tous les policiers et gendarmes de France qu’on pourrait résumer en deux mots : la culture flic. Être flic, c’est avant tout un état d’esprit et c’est cet état d’esprit si particulier qui ressort, je l’espère, des dix interviews qui composent le livre.

Y aurait-il une prochaine saison de "Flics stories" ?

Bien sûr ! Nous allons attendre la fin des Jeux Olympiques et l’enregistrer à l’automne pour une sortie fin 2024 / début 2025. Je peux d’ores et déjà vous dire que nous aurons des prises de parole exceptionnelles et même pour certaines… inattendues !

"Flics stories" par Guillaume Farde est paru le 24 avril 2024 aux Éditions du Rocher.