En arrêt maladie pour être «Prince de l'amour», Zoubir le policier fait aussi l'objet d'une enquête judiciaire

Zoubir, policier affecté sur le XVIe arrondissement de Paris, a confirmé dans l'émission « Touche pas à mon poste » ce mardi soir sur C8, qu'il avait participé à une téléréalité alors qu'il était en arrêt de travail. La préfecture de police a également réagi à son intervention télévisée.
En arrêt maladie pour être «Prince de l'amour», Zoubir le policier fait aussi l'objet d'une enquête judiciaire
Zoubir fait l'objet d'une enquête judiciaire et de plusieurs enquêtes administratives. (capture écran TikTok)
Par Actu17
Le mercredi 20 janvier 2021 à 17:05 - MAJ mercredi 20 janvier 2021 à 18:07

Son visage et son prénom sont partout depuis le début de la semaine. Zoubir Bouzidi était l'invité de l'émission « Touche pas à mon poste » (TPMP) sur C8 hier soir, présentée par Cyril Hanouna, pour évoquer sa présence dans "Princes et princesses de l’amour" sur W9, depuis la semaine dernière. Le fonctionnaire de 25 ans est aussi très actif sur les réseaux sociaux, parfois en tenue d'uniforme.

Lors de son passage dans TPMP, Zoubir est revenu sur sa situation actuelle. Il a expliqué qu'il avait pris une disponibilité au début de l'année 2020. Il s'agit d'une position où le fonctionnaire cesse temporairement d'exercer son activité dans la fonction publique et n'est plus rémunéré. "Quand j'ai pris cette dispo c'était justement pour me lancer dans mes projets de mannequinat, mais ça n'a pas marché", reconnait-il. Zoubir raconte qu'il a ensuite décidé de revenir dans la police mais qu'il avait entre temps passé "des castings de télé". "J'ai repris, je suis resté une semaine et je me suis mis en arrêt" de travail.

Il évoque des comportements racistes et xénophobe

Puis le fonctionnaire se livre à une série de révélations : "Ça faisait un moment que j'avais des soucis là-bas [dans la police], que tous les délires de contrôles au faciès et de racisme, beaucoup de comportements, me gênaient dans la police. Je n'arrivais plus à me reconnaître en fait". Le jeune homme dénonce ensuite des comportements supposés de ses collègues ainsi que l'attitude "xénophobe" de certains d'entre eux, ajoutant que ce n'est pas la faute de "l'institution, qui est noble de base".

"Ce sont des clichés", lui répond Bruno Pomart, ancien instructeur du RAID et président de l'association Raid Aventure. "C'est dommage que tu te ridiculises et que tu ridiculises la maison police avec ce que tu fais là très sincèrement", lance ensuite l'ancien policier, au sujet des séquences diffusées par Zoubir sur le réseau social TikTok. "On me dit que je donne une bonne image de la police", se défend-il.

Zoubir explique ensuite qu'il est rentré dans la police en 2017 et qu'il souhaite la quitter, mais qu'il est freiné dans sa démarche par le fait qu'il doit verser 12 000 euros pour se libérer de son contrat. Les policiers doivent en effet rembourser le prix de leur scolarité s'ils souhaitent démissionner dans les premières années de fonction. "Vous savez comment ça marche, il faut être statutaire pour démissionner sans payer. Si je pars maintenant, je paye 12 000 euros. Je vais être honnête avec vous, je roule pas sur l'or, je les ai pas les 12 000 euros", avance-t-il. Le jeune policier de 25 ans avait également participé au concours de Mister France 2020, en novembre 2019.

Des vidéos qui ont été supprimées

Autre situation qui pourrait être reprochée au fonctionnaire : l'une des vidéos qu'il a diffusée sur Tiktok - qu'il a depuis retirée - scénarise des violences sur une femme (fictive) qui refusait ses avances. "Quand je la charbonne [drague] depuis 2016 et qu'elle m'envoie « bonne année poto » au nouvel an", est-il mentionné sur cette séquence, qui a été rediffusée sur Twitter. Zoubir se met en scène et, mécontent, simule un coup porté à cette personne imaginaire. D'autres vidéos ont été retirées de ses comptes TikTok et Instagram a-t-on constaté.

Zoubir faisait déjà l'objet de plusieurs enquêtes administratives avant son passage dans TPMP. La préfecture de police n'a pas tardé à réagir aux déclarations du policier sur C8. Quelques heures après son passage dans TPMP une porte-parole de la préfecture s'est exprimée face caméra sur Twitter : « Au cours de cette émission, il a dénigré le comportement de certains de ses collègues qu’il qualifie de "raciste" et "réalisant des contrôles au faciès" pour tenter de justifier son choix ».

"Pour son autorité d’emploi, cette attitude est choquante à plusieurs égards. Ce policier a fait l’objet d’une enquête judiciaire pour avoir fourni des tenues de policier pour le tournage d’un clip. Après cela, il s’était engagé à l’époque à changer puisqu’il souhaitait rester dans la police", ajoute-t-elle. L'affaire remonte à juin dernier. Les participants à ce clip avaient été interpellés en flagrant délit par les policiers de la BAC, dans le XVe arrondissement de Paris, comme nous l'avions révélé à l'époque. Trois d'entre eux portaient de vraies tenues d'uniforme de la police.

Un tournage sauvage mettant en cause la police

Ce tournage sauvage consistait à filmer une fausse interpellation d'un homme noir à la place du voleur, pour dénoncer le racisme dans la police. Un projet qui avait été lancé seulement quelques jours après le décès de Georges Floyd suite à son interpellation aux États-Unis, et qui avait provoqué une flambée de colère dans le pays mais également dans le monde.

En garde à vue, les mis en cause âgés de 19 à 26 ans avaient reconnu qu'il s'agissait d'un tournage pour mettre directement en cause la police. Filmés à leur arrivée devant une supérette G20, les trois (faux) policiers qui intervenaient pour un vol dans un magasin devaient laisser partir le voleur de type européen, sans y prêter attention, puis interpeller un homme d’origine africaine qui sortait au même moment.

Lors de leurs investigations, les enquêteurs avaient déterminé que ces tenues d'uniforme avaient été prêtées par un policier en disponibilité. Il s'agissait bien de Zoubir.

"Toutes les conséquences en seront tirées"

La porte-parole de la préfecture de police a également évoqué la participation de Zoubir à cette téléréalité : "D’autres enquêtes administratives sont en cours et concernent notamment ses participations à des émissions de téléréalité alors qu’il était en congé maladie et sans en avertir son employeur. Ce policier reconnaît publiquement détourner la notion de congé maladie et justifie ce comportement inacceptable par des propos qui dénigrent l’institution à laquelle il appartient."

"Toutes les conséquences en seront tirées dans les enquêtes administratives qui le concernent et prendront en compte les propos qu’il vient de tenir", conclut la porte-parole dans son intervention d'une minute. Entre Zoubir et la police nationale, le divorce semble déjà consommé.