Le jeudi 31 août 2023 à 01:17
L'un des quatre policiers mis en examen et écroué dans l'enquête sur la violente agression du jeune Hedi, 22 ans, à Marseille, dans la nuit du 1er au 2 juillet dernier durant les émeutes, a de nouveau été auditionné par le juge d'instruction ce mercredi matin. Son avocat a fait une demande de remise en liberté indique RMC. Une information confirmée de source judiciaire.
Le policier de 35 ans a maintenu sa version des faits durant ce nouvel interrogatoire, selon son avocat, Me Pierre Gassend. Le fonctionnaire a indiqué avoir "tiré une balle de LBD (lanceur de balle de défense, ndlr) en direction d’Hedi" car "il estimait que le jeune homme représentait une menace pour ses collègues", agissant conformément aux instructions reçues par sa hiérarchie : rétablir l'ordre et ne pas procéder à des interpellations, faute de moyens suffisants sur le terrain, le tout "dans un contexte quasi insurrectionnel". "Interpeller quelqu'un signifie devoir quitter le terrain, conduire la personne au commissariat et rédiger un procès-verbal. Cette nuit-là, il fallait le maximum de monde sur le terrain, pour limiter la casse", décrit une source policière.
La défense a également fait valoir le fait que d'éventuelles pressions sur la victime ne sont pas envisageables, compte tenu de la médiatisation de l'affaire.
Le 3 août dernier, la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a décidé du maintien en détention du policier. Durant l'audience, le fonctionnaire a pris la parole, confirmant pour la première fois qu'il a bien fait usage de son LBD durant l'intervention qui a conduit aux graves blessures d'Hedi. Il a expliqué avoir vu "deux individus encapuchés" faire "demi-tour". "Puis j’ai vu des mouvements de bras. L’un a pris la fuite, un autre a armé son bras poing fermé pour jeter un projectile sur les policiers. À ce moment-là, j’ai pris la décision de faire usage de LBD à une reprise", a-t-il détaillé. "Lors de mon tir, je n’ai absolument pas visé la tête".
Une vague de colère qui dure dans la police
Le placement en détention provisoire de ce policier a provoqué une vague de colère dans les rangs policiers, notamment de nombreux arrêts maladies dans le département des Bouches-du-Rhône, mais également en région parisienne. Le syndicat Unité SGP Police FO a appelé les policiers à se positionner en "code 562". Un code qui signifie que les agents n'interviennent que "sur appel" (au "17" notamment, ndlr), ou s'ils sont requis. Un service minimum, en d'autres termes. A Marseille, les gardes à vue sont toujours en nette baisse ces derniers jours d'après plusieurs sources policières. L'une évoque une baisse de l'ordre de 70%.
Dans ce dossier, les quatre policiers de la brigade anticriminalité (BAC) ont été mis en examen pour "violences volontaires ayant entrainé une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours", aggravées par trois circonstances, car "commises en réunion", "avec usage ou menace d'une arme" et "par personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions". Les trois autres policiers ont été quant à eux placés sous contrôle judiciaire.
A la suite à son agression, Hedi est resté dans le coma durant plusieurs heures et a dû subir plusieurs opérations chirurgicales. Une partie de son crâne lui a été retirée. Le jeune homme a été longuement interrogé par nos confères de Konbini, fin juillet.