Le lundi 24 février 2025 à 18:44
La procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, et le patron de la police judiciaire, Christian Sainte, ont tenu une conférence de presse ce lundi après-midi concernant l'évolution de l'enquête sur l'évasion de Mohamed Amra. La magistrate a d'abord salué "l'engagement exceptionnel, à chaque instant, de tous les services de police, au premier rang desquels l'Office central de lutte contre le crime organisé". "L'ensemble des acteurs de cette enquête judiciaire a œuvré avec professionnalisme et le haut niveau de technicité qu'imposait l'organisation criminelle à laquelle ils faisaient face", a également souligné Laure Beccuau.
La procureure a également remercié les autorités policières et judiciaires impliquées "dans le cadre de l'entraide pénale internationale qui s'est déployée. Et je veux plus particulièrement m'adresser à nos homologues des États-Unis, de Roumanie, d'Espagne et du Maroc". Concernant les États-Unis, Laure Beccuau a indiqué avoir "eu besoin d’eux pour certaines vérifications téléphoniques".
Laure Beccuau a indiqué que 25 personnes au total avaient été placées en garde à vue dans cette enquête, "depuis le déclenchement des opérations". Il s'agit de 18 hommes et 7 femmes, dont deux mineurs. Des personnes âgées de 16 à 37 ans. Trois des gardes à vue ont déjà été levées. La procureure de la République a confirmé par ailleurs qu'un suspect avait été interpellé en Espagne, deux autres au Maroc, en plus de l'arrestation de Mohamed Amra, à Bucarest, en Roumanie. Elle a précisé qu'il n'y avait "pas eu d'interpellation" à sa connaissance, "aux Pays-Bas et en Thaïlande", "même si ce dossier évolue très vite".
«Équipe de voleurs, équipe de logisticiens, équipe de guetteurs, équipe du commando»
"Les investigations ont permis d'établir qu'autour de Mohamed Amra existait le déploiement d'une organisation criminelle déterminée, dans sa préparation mais aussi dans son action", a poursuivi la magistrate. "Spécialisation des équipes, repérage, équipe de voleurs, équipe de logisticiens, équipe de guetteurs, équipe du commando", a-t-elle énuméré. "L'ensemble de ces protagonistes n'a pas hésité, à plusieurs reprises, à avoir recours à des véhicules faussement immatriculés, à de l'arme lourde, à l'usage de lignes téléphoniques dédiées, et à la multiplication de changement de téléphones".
Interrogée sur les déclarations des autorités roumaines, et notamment sur celles du ministre de l'Intérieur roumain qui a indiqué que Mohamed Amra se trouvait à Bucarest pour subir des opérations de chirurgie esthétique avant de rejoindre la Colombie, la procureure de la République a déclaré qu'elle n'était pas en mesure de confirmer ces informations, et qu'elle attendait que l'ensemble des suspects soient interrogés par les enquêteurs français.
Le patron de la police judiciaire, Christian Sainte, a de son côté indiqué que "100 à 150 enquêteurs par jour" ont été mobilisés sur ce dossier. "Nos préoccupations étaient portées à la fois sur la localisation de Mohamed Amra et tout à la fois de pouvoir identifier l'équipe qui était à l'origine de son évasion", a-t-il souligné. "L'intégralité des moyens de la police judiciaire a été engagée". 150 membres de différentes BRI (Brigade de recherche et d’intervention) ont été mobilisés sur les opérations d’interpellations réalisées depuis dimanche, a également précisé Christian Sainte.
La procureure de la République a indiqué qu'elle tiendrait une nouvelle conférence de presse à l'issue des gardes à vue des suspects, qui peuvent s'étendre jusqu'à 96 heures.