Le vendredi 25 avril 2025 à 18:53 - MAJ vendredi 25 avril 2025 à 23:17
Le procureur de la République de Nantes (Loire-Atlantique), Antoine Leroy, a donné lors d'une conférence de presse ce vendredi soir, des précisions sur l'attaque au couteau qui s'est déroulée au lycée privé Notre-Dame-de-Toutes-Aides à Nantes jeudi.
L'agresseur de 15 ans, Justin P., "extrêmement solitaire" et fasciné par Hitler, a porté "57 coups de couteau" à une jeune fille, prénommée Lorène, qui était dans une salle de classe avec ses camarades, et qui a rapidement succombé à ses blessures. L'assaillant a "continué à s'en prendre à elle" alors qu'elle était "tombée à terre".
Il était environ midi lorsque les faits ont débuté. Justin P. se rend aux toilettes avec, dans son sac à dos, une "réplique de pistolet, de Colt 45, dont il ne fera pas usage", ainsi que "deux couteaux", dont l'un "de 20 cm dont il se servira". Il y passe "au moins dix minutes" et "écrit quelques phrases au mur, et se scarifie avec son couteau sur le front". À 12h15, l'adolescent envoie son email contenant son manifeste de 13 pages, dans lequel il décrit une vision très sombre de la société.
Quelques minutes plus tard, le suspect pénètre dans une première salle de classe "à visage découvert", une classe de seconde de 30 élèves en plein cours. Sur le pas de la porte, il demande si un camarade est présent. "Les élèves indiquent que non", indique le magistrat. Justin P. retourne alors aux toilettes, se masque entièrement le visage "sans qu'il soit possible de le reconnaître", puis retourne dans cette même salle de classe. Une fois à l'intérieur, "il s'en prend exclusivement à la jeune fille", Lorène, qui reçoit des dizaines de coups de couteau, sous les yeux de ses camarades. L'agresseur ne prononce aucune parole au moment de cette agression mortelle. La victime a été touchée sur le haut du corps, au crâne et à la gorge, au niveau des veines jugulaires et de la carotide.
L'assaillant quitte alors la salle et se rend dans celle située en face, dans laquelle se déroule un cours d'anglais. Certains "élèves sont assis sur les tables" alors qu'un film est diffusé. Justin P. entre avec son couteau en main. "Sans distinction aucune, au hasard, il s'en prend à trois étudiants, les trois plus proches de lui", poursuit le procureur. Les trois victimes reçoivent des coups de couteau. "Une première jeune fille prend quelques coups de couteau non-graves. La deuxième victime, un jeune homme, prend des coups de couteau un peu plus graves et la troisième victime, également un jeune homme, prend des coups de couteau encore plus graves sur la partie haute du corps, notamment un ou plusieurs sur le crâne", décrit Antoine Leroy. Cette troisième victime est aujourd'hui hors de danger.
Un technicien en informatique intervient
C'est alors qu'un technicien en informatique, qui, entendant les hurlements à l'étage, se rend dans la salle de classe où vient d'avoir lieu cette seconde violente agression. En entrant dans la salle, il aperçoit alors l'adolescent "de dos", avec "un couteau à la main". L'adulte "lui assène un coup de chaise dans le dos et sur le crâne", détaille le procureur. Mais l'agresseur le poursuit dans le couloir et le "prend en chasse". "Le technicien en informatique parvient à faire en sorte que le mis en cause se retrouve pris dans une sorte de sas duquel il ne pouvait plus sortir".
Après des échanges, le suspect "a accepté de déposer le couteau qu'il avait à la main, ainsi que le petit canif qu'il avait dans sa poche". Les policiers sont arrivés sur place huit minutes après le premier appel avant d'interpeller l'assaillant.
Justin P. est "un jeune à l'évidence suicidaire", ajoute le magistrat. Il a écrit plusieurs phrases dans les toilettes avant son passage à l'acte, notamment "qu'il souhaitait qu'on lui tranche la gorge". Ces tendances, relevées par le psychiatre qui l’a examiné jeudi, doivent donner lieu à une prise en charge spécialisée. Sa mère avait fait des démarches afin qu'il rencontre "des personnels éducatifs de la maison des adolescents de Nantes", car elle était inquiète. Le suspect était jusqu'ici inconnu des services de police.
Lorène était la seule personne «avec qui il s'entendait bien»
Les enquêteurs n’ont, à ce stade, retenu "aucun mobile susceptible d’être évoqué de façon certaine", a précisé le procureur, évoquant la "personnalité complexe" du suspect décrit comme "suicidaire", qui a été hospitalisé d'office en psychiatrie jeudi en fin de journée. En outre, la jeune fille décédée, Lorène, était "la seule personne de ce lycée, de ses connaissances, avec qui il s'entendait bien, avec laquelle il pouvait avoir un dialogue, qu’il estimait, lui, être de qualité. Ce n’est pas un hasard qu’il s’en prend à elle".
L'enquête a été ouverte du chef de meurtre. Les faits pourraient être requalifiés en "assassinat" du fait d'"éléments susceptibles de caractériser une préméditation", a souligné le procureur de la République.