Le jeudi 6 novembre 2025 à 20:06
Un automobiliste de 35 ans a percuté volontairement plusieurs personnes sur l'île d'Oléron (Charente-Maritime) mercredi 5 novembre, blessant cinq piétons et cyclistes avant d'être interpellé par les gendarmes. Le procureur de la République de La Rochelle, Arnaud Laraize, a tenu un point presse ce jeudi en début de soirée pour détailler le profil et les déclarations du suspect, qui a expliqué "avoir suivi les ordres d'Allah" lui demandant de faire "un sacrifice".
Selon le procureur, le trentenaire, Jean G., a blessé cinq personnes en moins de trente minutes, percutant deux cyclistes et trois piétons. Il a également tenté de s'en prendre à deux autres individus qui ont pu éviter la collision, ce qui porte à sept le nombre total de victimes visées. Deux personnes, un homme et une femme, ont été grièvement blessées et transférées vers les hôpitaux de Poitiers et de La Rochelle. Trois autres victimes, plus légèrement atteintes, ont été soignées pour des blessures entraînant des incapacités totale de travail (ITT) comprises entre un et soixante jours. Les trois blessés légers ont pu quitter l'hôpital, tandis que l'état des deux autres reste, selon le procureur, "particulièrement préoccupant".
Une «bonbonne de gaz», une «lame de couteau de 35 cm»
Le conducteur a été interpellé à 09h20 par les gendarmes, après avoir crié à plusieurs reprises "Allah Akbar". Les forces de l'ordre ont dû faire usage d'un pistolet à impulsion électrique (PIE) pour procéder à son interpellation. Le suspect aurait tenté, selon les premiers éléments de l'enquête, d'attirer les militaires dans les flammes en mettant le feu à son véhicule. Une "bonbonne de gaz", une "lame de couteau de 35 cm" et un téléphone brûlé ont été retrouvés dans la voiture.
Lors de sa garde à vue, Jean G. a reconnu être l'auteur des faits, expliquant "avoir suivi les ordres d'Allah", "sans aucune aide extérieure", et avoir "voulu mourir en s'immolant". Il a affirmé avoir entendu "des bruits étranges dans sa tête" et avoir "réclamé à être interné". D'après Arnaud Laraize, le suspect, décrit comme un homme célibataire, sans enfant ni activité professionnelle, s'était tourné dans un premier temps vers le catholicisme avant de s'orienter vers l'islam.
«Des écrits religieux, de religion musulmane»
Le procureur a indiqué que "des écrits religieux, de religion musulmane" ont également "été retrouvés dans sa caravane", mais a précisé qu'à ce stade, il n'y avait "pas de dimension jihadiste" dans ses actes. Il a souligné que le trentenaire, polytoxicomane, était sous l'empire du cannabis au moment des faits. L'expertise psychiatrique a révélé une "altération", mais pas une "abolition" du discernement.
Le suspect avait été condamné en 2009 et en 2023 pour des délits de droit commun. Il n'avait "aucun suivi judiciaire au moment des faits" et était "inconnu des services de renseignement", a ajouté Arnaud Laraize. Concernant la dimension terroriste de l'affaire, "le Parquet national antiterroriste n'a pas déterminé de lien avec des organisations terroristes" et "n'a pas retenu sa compétence", tout en restant en observation. Selon le parquet, le dossier "ne présentait pas les éléments nécessaires" pour justifier la compétence du PNAT.
À l'issue de la garde à vue, qui doit prendre fin vendredi à 09h20, le procureur a annoncé qu'il allait demander l'ouverture d'une information judiciaire en vue d'une mise en examen du suspect pour "tentatives d'assassinats". Le parquet retient donc la préméditation et va requérir un placement en détention provisoire.