Le jeudi 12 décembre 2024 à 18:19
Le suspect de 21 ans dans l'affaire de la disparition de Morgane, une adolescente de 13 ans originaire de Pabu (Côtes-d'Armor), a été mis en examen pour "viol commis sur un mineur de moins de 15 ans par un majeur avec une différence d’âge d’au moins 5 ans" et "soustraction sans fraude ni violence d’un enfant mineur aux titulaires de l’autorité parentale", a annoncé le procureur de la République de Saint-Brieuc, Nicolas Heitz, ce jeudi. Conformément aux réquisitions du parquet, l'homme de 21 ans a été placé en détention provisoire.
La disparition de Morgane remonte au 25 novembre. Selon les premiers éléments de l'enquête, la collégienne, élève de 4e, avait eu une altercation avec ses parents au sujet de son usage des réseaux sociaux. Son père avait cassé son téléphone et confisqué sa carte SIM. D'après les déclarations du suspect, Morgane l'aurait contacté via Snapchat le dimanche 24 novembre, lui évoquant "une altercation avec ses parents" et des "intentions suicidaires", précise le procureur de la République.
Le lendemain, tôt dans la matinée, l'homme, originaire d'Ille-et-Vilaine et employé de bijouterie, se serait rendu à Pabu (Côtes-d'Armor) pour récupérer la jeune fille à l'adresse qu'elle lui avait indiquée. Elle serait montée de son plein gré dans sa voiture, lui demandant de quitter les lieux. L'homme l'a ensuite conduite à Coutances (Manche), à environ 200 km de son domicile, où il résidait dans un Foyer de jeunes travailleurs (FJT). C'est dans ce logement que la jeune fille a été retrouvée "saine et sauve" ce mardi 10 décembre, après 15 jours d'absence.
Une relation sur fond de rencontre en ligne
L'enquête a révélé que Morgane et le jeune homme avaient fait connaissance sur le réseau social Snapchat trois mois avant les faits. D'abord, le suspect a nié toute relation intime avec l'adolescente. Cependant, "lors d’une quatrième et dernière audition mercredi soir", il a reconnu avoir eu "une relation sexuelle avec Morgane, à une reprise et consentie selon lui", a précisé le procureur de la République Nicolas Heitz.
Les premiers examens médicaux réalisés sur Morgane n'ont révélé "aucune lésion cutanée ni gynécologique" et "aucune blessure n’était donc matérialisée sur elle", a ajouté le magistrat. Des prélèvements supplémentaires ont toutefois été effectués pour "déterminer s’il y a eu, ou non, des relations intimes récentes", selon le procureur.
Quinze jours d'enfermement présumé
Durant sa garde à vue, Morgane a expliqué avoir été enfermée dans la chambre du suspect pendant 15 jours sans possibilité de sortir. Elle a affirmé que la porte de la chambre était verrouillée de l'extérieur et que les volets étaient fermés. Toutefois, les enquêteurs ont établi que la porte pouvait être déverrouillée de l'intérieur. Pendant cette période, la collégienne avait accès à un ordinateur connecté à Internet.
Elle a également affirmé avoir été frappée par le jeune homme. D'après ses déclarations, une dispute aurait éclaté lorsqu'elle s'était plainte d'avoir faim et du fait qu'il ne s'occupait pas assez d'elle. "Elle a dit s’être disputée avec la personne interpellée qui lui avait porté des coups sur la tête", a rapporté le procureur de la République.
Les enquêteurs ont retracé les déplacements du suspect et de Morgane grâce à un signalement en Gironde. Selon les éléments de l'enquête, l'homme aurait tenté de déposer la jeune fille chez un autre mineur qu'il avait également rencontré sur les réseaux sociaux. Le suspect se serait présenté au domicile de ce jeune, en pleine nuit, et aurait frappé à la porte. La mère de ce dernier, alertée par cette situation anormale, a remarqué la présence d'une jeune fille dans la voiture de l'homme. Elle a aussitôt signalé les faits aux gendarmes. Grâce à ce signalement, les forces de l'ordre ont pu remonter la piste du suspect et l'interpeller "sans difficulté" sur son lieu de travail, le mardi 10 décembre.
Un profil instable et des antécédents judiciaires
Le parcours du suspect a été qualifié de "complexe" par le procureur Nicolas Heitz. Originaire d'Ille-et-Vilaine, l'homme, employé de bijouterie, avait déjà eu des démêlés avec la justice. Il faisait l'objet d'une procédure judiciaire pour "soustraction de mineure" à l'encontre d'une adolescente de 14 ans dans l'Oise en avril 2024. Pour ces faits, il devait comparaître le mercredi 11 décembre devant le tribunal correctionnel de Beauvais.
Le jeune homme a également évoqué, au cours de sa garde à vue, avoir "fait par le passé plusieurs tentatives de suicide et avoir été hospitalisé en soins psychiatriques", selon les déclarations du procureur de Saint-Brieuc. L'enquête se poursuit, et l'adolescente, hospitalisée, doit être de nouveau entendue par les enquêteurs pour affiner le déroulement des faits.