Le jeudi 10 août 2023 à 21:20
Trois policiers de l'antenne du RAID de Marseille ont été mis en examen ce jeudi, du chef de "violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner", en lien avec la mort de Mohamed Bendriss, un homme de 27 ans, en marge des émeutes de début juillet. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire, "assorti des mesures d’interdiction de rentrer en contact avec les parties civiles et d’interdiction de participer, dans le cadre de leur activité professionnelle de fonctionnaire de police, à des interventions concernant des violences urbaines et de grands évènements sur la voie publique", détaille le parquet dans un communiqué.
Cinq policiers au total de l'unité d'élite avaient été placés en garde à vue ce mardi pour être interrogés par les enquêteurs de l'inspection générale de la police nationale (IGPN). Les deux autres fonctionnaires ont été remis en liberté le soir même.
Après le pillage d'un magasin
Les faits se sont déroulés dans la nuit du 1er au 2 juillet, alors que le centre de Marseille était le théâtre de violences urbaines importantes, et notamment de dégradations et de pillages. Mohamed Bendriss a perdu la vie après un malaise alors qu'il circulait à scooter. L'autopsie a révélé une trace de ce qui pourrait être l'impact d'un tir de lanceur de balle de défense (LBD). Le parquet avait évoqué dans un précédent communiqué "un choc violent au niveau du thorax, causé par le tir d'un projectile de type flash-ball".
Le drame s'est produit après le pillage d'un magasin Foot Locker du centre de la cité phocéenne. Selon le parquet, "les images capturées par les vidéos surveillance CSU et du PVP (Petit Véhicule de Protection, véhicule de tête de la colonne du RAID) démontrent qu'un homme avait pris la fuite depuis la rue Montgrand poursuivi par M. B. [Mohamed Bendriss] à scooter qui avait tenté de prendre le sac dont il était porteur, contenant des marchandises volées dans ce commerce". Le parquet a ajouté qu'"il existe donc des éléments démontrant que ces deux individus participaient à une action d'appropriation frauduleuse dans un contexte de pillage généralisé des magasins du centre-ville".
Un tir mortel de LBD au thorax
Mohamed Bendriss "parvenait quant à lui à s'enfuir à scooter, longeant la colonne du RAID", et a été "atteint dans un laps de temps très court par deux tirs de LBD, dont l'un au niveau du thorax se révélera mortel, puis par un tir de munition type 'bean bag', qui impactait son scooter". "Il poursuivait sa route jusqu’au cours Lieutaud où il était découvert en arrêt cardio-respiratoire", poursuit le parquet. Des investigations complémentaires doivent être réalisées "quant à la régularité des conditions d'emploi des armes utilisées à l'encontre" de Mohamed Bendriss et "à la proportionnalité de cet engagement", selon la même source.
"Depuis la nuit du jeudi 29 Juin 2023, le RAID était engagé dans une opération d’assistance des effectifs de la sécurité publique avec pour mission la sécurisation des sites et implantations sensibles, l’interpellation d’émeutiers auteurs d’infractions flagrantes et plus généralement la protection des personnes et des biens dans un contexte de troubles majeurs à l’ordre public", souligne le parquet.
L'avocat de la compagne de Mohamed Bendriss, Arié Alimi, a déclaré à l'AFP que celle-ci est "évidemment satisfaite du déroulement de l'enquête" mais sollicite "la requalification immédiate des faits en homicide volontaire". L'avocat d'un des policiers, Dominique Mattei, a quant à lui dénoncé, à nos confrères, une mise en examen de son client "injustifiée". "Le danger était caractérisé par ce scooter qui fonçait sur le convoi" de policiers, a-t-il expliqué.