Mort de Nahel : un rapport d'expertise réalisé après la reconstitution révèle de nouveaux éléments

Un rapport de 150 pages dévoile de nouveaux éléments sur la mort de Nahel M., 17 ans, tué par balle à Nanterre (Hauts-de-Seine). L'expertise révèle notamment que l'adolescent a redémarré son véhicule volontairement. Le policier qui a tiré a été mis en examen pour homicide volontaire.
Mort de Nahel : un rapport d'expertise réalisé après la reconstitution révèle de nouveaux éléments
Un policier a ouvert le feu lors d'une intervention le 27 juin 2023, tuant le conducteur, Nahel, 17 ans, à Nanterre. (DR)
Par La Rédaction
Le jeudi 4 juillet 2024 à 12:08 - MAJ jeudi 4 juillet 2024 à 12:21

Un an après la mort par balle de Nahel M., 17 ans, au cours d'une intervention de police pour un refus d'obtempérer à Nanterre (Hauts-de-Seine), un rapport de plus de 150 pages résultant de la reconstitution réalisée début mai révèle de nouveaux éléments, rapporte BFMTV. L'adolescent au volant a redémarré volontairement alors que l'un des policiers l'avait mis en joue.

Selon l'expertise, au moment du tir, "la mise en mouvement du véhicule ne présentait pas de danger imminent pour les fonctionnaires de police". En outre, "le volant n'a pas été tourné vers eux" et "il n'y avait pas de risque d'écrasement, l'accélération a été de faible intensité". Le redémarrage, 17% de l'accélération maximale du véhicule selon le rapport, a bien été enclenché par Nahel, qui n'a pas simplement relâché la pédale de frein, ce qui aurait permis de faire avancer la voiture - une Mercedes A45 AMG de location capable d'atteindre 100 km/h en 4 secondes -, étant donné qu'il s'agissait d'un modèle avec une boîte automatique. Le conducteur "a ainsi effectivement cherché à partir en effectuant quatre actions successives pour redémarrer le véhicule dont le moteur avait été coupé". L'adolescent a pressé le bouton contact en appuyant sur la pédale de frein, puis a enclenché le mode "D" (Drive, ndlr), avant d'appuyer sur l'accélérateur.

Pas de trace de coups

Le rapport confirme également les résultats de l'autopsie. Le corps de Nahel ne présentait "aucune ecchymose du visage ni du crâne" ni "aucune plaie". "Si des coups ont été portés sur la victime, ce sont des coups qui n'ont pas laissé de trace visible donc qui n'ont pas été appuyés (effleurements)", mentionne l'expertise, selon la chaîne d'informations. "Ce type de coup ne peut pas 'sonner' la victime au point de lui faire perdre le contrôle de ses gestes".

Un cycliste et un piéton ont manqué d'être percutés

Durant la course-poursuite avec les motards de la police, qui a duré 2 minutes et 40 secondes, la Mercedes "a été conduite de manière dangereuse en raison d'une vitesse excessive au regard de la configuration des lieux". L'adolescent a conduit à une vitesse moyenne de 69,5 km/h en passant six fois au-dessus des 90 km/h et avec une vitesse maximale de 116 km/h, malgré le fait qu'il circulait en ville. Dans son réquisitoire lors de l'audience sur le maintien en détention provisoire du policier de 38 ans qui a ouvert le feu, le représentant du parquet général de Versailles a précisé que les images de vidéoprotection ont montré que le chauffard a failli "percuter un cycliste" et "qu'un piéton engagé sur un passage protégé avait dû faire demi-tour en courant pour éviter d’être percuté".

Le policier à l'origine du tir mortel a été mis en examen pour "homicide volontaire". Durant ses auditions dans les locaux de l'inspection générale de la police nationale (IGPN), le fonctionnaire, dont les états de service sont irréprochables, a "expliqué son geste" pour "éviter une nouvelle fuite du véhicule", devant la "dangerosité du comportement routier" du conducteur et la "peur qu'il renverse quelqu'un", mais également par la "crainte d'être percuté" ou de "voir son collègue blessé par le mouvement du véhicule". Après avoir passé quatre mois et demi en détention provisoire, le policier a été remis en liberté mi-novembre, sous contrôle judiciaire.