Quintuple meurtre près de Dunkerque : qui sont les cinq victimes tuées par balle ?

Cinq hommes ont été tués ce samedi 14 décembre, lors d'une tuerie survenue entre Wormhout et Loon-Plage (Nord). Parmi les victimes figurent un chef d’entreprise, deux agents de sécurité et deux migrants kurdes. Le suspect, Paul D., un jeune homme de 22 ans, s’est rendu à la gendarmerie, où il a avoué les faits. L’enquête, confiée à la police judiciaire, doit désormais éclaircir les circonstances de ce quintuple meurtre et les motivations du tueur.
Quintuple meurtre près de Dunkerque : qui sont les cinq victimes tuées par balle ?
Paul Dekeister (g), Aurélien Cugny (m), et Marc Lehmus (d) ont été tués par balle ce samedi 14 décembre 2024. (DR)
Par La Rédaction
Le dimanche 15 décembre 2024 à 17:26

Un périple meurtrier d’un peu plus d’une heure a fait cinq morts dans le Dunkerquois ce samedi 14 décembre. Entre 15h15 et 16h15, le tueur, Paul D. (qui possède les mêmes initiales que l'une des victimes, ndlr), âgé de 22 ans, a abattu un chef d'entreprise de 29 ans qui serait son ancien employeur, deux agents de sécurité qui seraient ses ex-collègues, ainsi que deux migrants. Interpellé après s'être rendu à la gendarmerie, il est actuellement en garde à vue. Voici ce que l'on sait des cinq victimes.

Paul Dekeister, 29 ans, chef d'entreprise à Wormhout

Première victime de la tuerie, Paul Dekeister, 29 ans, a été abattu à Wormhout (Nord) vers 15h15, sous les yeux de sa compagne, devant leur domicile. Le jeune chef d’entreprise, gérant de la société de transport routier "Dekeister Frères" basée à Quaëdypre (Nord), se trouvait dans la cour de sa maison, située le long de la D37. Le tueur est arrivé en voiture, en est sorti et a tiré sur Paul Dekeister. La victime a été déclarée morte sur place malgré l'intervention rapide des secours. D'après les premiers éléments de l'enquête, Paul Dekeister aurait été l'employeur du suspect par le passé. Très impliqué dans la vie associative locale, le chef d’entreprise était également père de famille.

La municipalité de Wormhout a condamné "l’assassinat d’un chef d’entreprise" et évoqué "des familles endeuillées et des proches anéantis". Le maire de la commune, David Calcoen, a également exprimé sa tristesse auprès de France 3 : "Perdre un des siens, un père de famille... C'est un choc pour toute la ville".

Aurélien Cugny, 33 ans, agent de sécurité à Loon-Plage

La deuxième phase de la tuerie s’est déroulée à Loon-Plage (Nord), dans la zone portuaire de Dunkerque. Aurélien Cugny, 33 ans, agent de sécurité pour la société ECS, patrouillait en voiture avec son collègue Marc Lehmus sur la route de Mardyck lorsqu’ils ont croisé la route du tireur. Ce dernier s'est approché et les a abattus.

Bien connu des Dunkerquois, Aurélien Cugny assurait régulièrement la sécurité des bals et des carnavals locaux. Ses proches et la communauté du carnaval lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux. "Une figure de la sécurité du carnaval" et "un grand gaillard au cœur d’or", ont écrit certains internautes.

Marc Lehmus, 37 ans, agent de sécurité et passionné de moto

Comme Aurélien Cugny, Marc Lehmus, 37 ans, a perdu la vie sur la route de Mardyck à Loon-Plage. Les deux collègues d’ECS patrouillaient ensemble lorsqu'ils ont été abattus par le tueur. Résident de Bourbourg (Nord), Marc Lehmus était père de deux filles et avait un frère jumeau. Passionné de moto, il participait régulièrement à des compétitions d’enduro et était l'un des membres actifs du Moto-club du Littoral, basé à Loon-Plage. Sa disparition a bouleversé le club, dont la présidente, Isabelle Andrieux "Son sourire, sa gentillesse, disponibilité, vont tellement nous manquer", a-t-elle confié, à France 3.

Tout comme Aurélien, Marc Lehmus n'était pas armé au moment des faits. Les agents d’ECS ne disposent que de chiens de travail pour se défendre, ce qui les a laissés sans protection face au tireur. Les employés de la société ECS, sous-traitante du port de Dunkerque, se sont réunis pour un hommage collectif à la mémoire des deux agents tués. Ces derniers seraient des ex-collègues du tueur.

Mustafa, 19 ans, migrant kurde iranien tué près du camp de Loon-Plage

Après avoir abattu les deux agents de sécurité, le tireur a poursuivi sa route et a croisé le chemin de Mustafa et d’un autre migrant kurde, Ahmid, alors qu’ils marchaient près de la voie ferrée à Loon-Plage. Tous deux ont été pris pour cible et abattus à bout portant. Mustafa, 19 ans, résidait dans le camp de migrants de Loon-Plage, où vivent environ 600 exilés dans des conditions de grande précarité. Selon les témoins, un exilé de 27 ans a vu les corps des deux hommes gisant au sol après les coups de feu. Pris de panique, de nombreux migrants ont cherché à se cacher, craignant d’être à leur tour pris pour cible.

Une quarantaine de personnes, dont des exilés, se sont rassemblées sur le lieu de la fusillade pour y déposer des roses rouges. L’association Utopia 56 a également annoncé deux hommages publics, l’un à Calais le dimanche 15 décembre, et l’autre à Dunkerque le lundi 16 décembre 2024.

Ahmid, 30 ans, migrant kurde iranien abattu aux côtés de Mustafa

Ahmid, 30 ans, était aux côtés de Mustafa lorsqu'ils ont été abattus près de la voie ferrée à Loon-Plage. Tout comme son compatriote, il était de nationalité kurde iranienne et résidait dans le camp de migrants de la commune, où environ 600 exilés vivent dans l'espoir de traverser la Manche pour rejoindre l'Angleterre.

La mort de Mustafa et d'Ahmid a provoqué un vif émoi au sein de la communauté des exilés, d'autant que les associations qui leur viennent habituellement en aide n'ont pas pu pénétrer dans le camp ce jour-là, empêchées par les circonstances.

Les motivations du tueur restent inconnues

L'auteur présumé de la tuerie, Paul D., un chauffeur routier de 22 ans, s'est rendu à la gendarmerie de Ghyvelde peu après 17h20, affirmant être l’auteur des cinq meurtres. Il a été immédiatement placé en garde à vue. Ses motivations restent à éclaircir. Paul D. pratiquerait le tir sportif en club selon plusieurs sources proches de l'enquête, ce qui expliquerait comment il s'est procuré les armes à feu retrouvées dans sa voiture par les forces de l'ordre, après la tuerie.

Le meurtrier présumé "est inconnu des services de police et de l’autorité judiciaire", a souligné la procureure de la République de Dunkerque, Charlotte Huet, dans un communiqué ce dimanche. "Le parquet du tribunal judiciaire de Dunkerque dirige actuellement une enquête de flagrance sur ces faits. Elle est confiée à la division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) du service interdépartemental de la police judiciaire du Nord (SIPJ 59). Les infractions retenues pour cette enquête sont celles de meurtres précédés, accompagnés ou suivis d’un autre crime, crimes pour lesquels la peine encourue est la réclusion criminelle à perpétuité. Sont également retenues les qualifications d’acquisition, détention, port et transport d’armes de catégorie A et B".