Le jeudi 8 septembre 2022 à 17:38
Au lendemain du tir mortel sur un automobiliste mercredi à Nice lors d'un refus d'obtempérer, un acte qualifié d'"homicide" par l'avocat de la famille de la victime, le policier auteur du tir était toujours en garde à vue jeudi. Le fonctionnaire de police a été placé mercredi en soirée en garde à vue pour "vingt-quatre heures, renouvelable une fois", a précisé à l'AFP la procureure adjointe de Nice, Maud Marty.
Mais, pour les proches de la victime, "il est évident qu’on a (affaire) à un homicide, il n'y a pas de discussion là dessus", a plaidé Me Sefen Guez Guez, leur avocat, dans une réaction à l'AFP.
La réaction du policier "est clairement disproportionnée", a insisté cet avocat du barreau de Nice, co-désigné avec Me Ouadie Elhamamouchi pour défendre la famille de la victime : "qu'importent les circonstances ou la réalité de son comportement antérieurement, il n'y avait pas de danger de mort qui justifie qu'on tue de sang froid cet homme".
Peu après le drame mercredi, Anthony Borré, 1er adjoint au maire de Nice, avait affirmé que la victime, "un Tunisien d'une trentaine d'années installé dans notre région depuis un an, circulait sans permis à bord d'un véhicule volé immatriculé dans le Var". Selon Me Guez Guez, le conducteur, âgé de 24 ans, résidait "à Nice en situation régulière", tout comme sa famille.
Selon la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP), les policiers avaient repéré ce conducteur sur la voie rapide de Nice, en train de "zigzaguer dangereusement", vers 16h30. Après avoir accéléré et pris une bretelle de sortie, le conducteur aurait ensuite percuté "à plusieurs reprises" la voiture des policiers. L'un d'entre eux, descendu sur la chaussée, a alors fait feu "une fois" selon une autre source policière. Le conducteur, malgré des tentatives de réanimation, est décédé sur place.
«Pas de danger de mort»
Selon des vidéos diffusées jeudi sur les réseaux sociaux, le conducteur, bloqué par une voiture de police à l'avant, fait une marche arrière avant de tenter de déboiter et de redémarrer. Mais il est alors à nouveau bloqué par la voiture de police à l'avant. C'est à cet instant que le policier, arme au poing et debout près du véhicule, tire à travers la vitre côté conducteur.
Au moment où le policier intervient, "il n'y a pas de danger de mort qui justifie qu'on abatte cet homme", a estimé Me Guez Guez auprès de l'AFP, déplorant également que "depuis (mercredi) les autorités (n'aient) pas contacté la mère pour l'avertir du décès de son fils alors que les syndicats de policiers s'expriment eux et donnent une version policière rarement contredite".
«C'est l'ensemble de l'action qui doit être analysée»
Interrogé au sujet de ces vidéos jeudi matin sur franceinfo, le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, a évoqué le "poids et la violence de certaines images" : "Dans une affaire comme celle-là, c'est l'ensemble de l'action qui doit être analysée. Ce qui s'est passé avant, dans l'environnement. La perception qu'ont pu en avoir les policiers au moment de l'intervention", a-t-il souligné, en renvoyant à l'enquête "difficile, complexe" qui a été ouverte.
L'affaire de Nice est intervenue quelques heures à peine après qu'une femme de 22 ans a été tuée et un homme de 26 ans blessé à Rennes, là aussi par le tir d'un policier, lors d'une interception menée dans le cadre d'une opération anti-drogue.
"La police française malheureusement est confrontée de plus en plus à des situations pour lesquelles elle est obligée de mettre en œuvre des moyens pour se protéger, pour se défendre, pour faire cesser un certain nombre d'infractions", a ajouté M. Veaux. "Mais, ce n'est jamais la police qui est à l'origine de ce qui se passe", a-t-il assuré.