Suicide d'un ado de 15 ans à Poissy : l'effarant courrier du rectorat qui menaçait de déposer plainte contre ses parents

Face au suicide d'un adolescent de 15 ans à Poissy, les échanges de courriers entre ses parents et le rectorat de Versailles, suscitent l'indignation. Alors que les parents avaient alerté sur le harcèlement subi par leur fils, la réponse du rectorat interroge sur la gestion des signalements par l'administration éducative.
Suicide d'un ado de 15 ans à Poissy : l'effarant courrier du rectorat qui menaçait de déposer plainte contre ses parents
Le lycée Adrienne-Bolland de Poissy. (Google view)
Par Actu17
Le samedi 16 septembre 2023 à 13:07 - MAJ samedi 16 septembre 2023 à 13:20

Le 5 septembre dernier, un adolescent de 15 ans, prénommé Nicolas, s'est donné la mort par pendaison à son domicile de Poissy (Yvelines). Le jeune homme, précédemment scolarisé au lycée professionnel Adrienne-Bolland de Poissy, avait intégré cette année un nouvel établissement professionnel dans le 14e arrondissement de Paris.

Selon ses proches, Nicolas aurait été la cible de harcèlement par deux de ses camarades lorsqu'il était en classe de troisième en prépa professionnelle à Poissy. Face à cette situation, ses parents avaient pris la décision d'alerter le proviseur de l'établissement. Dans une lettre datée d'avril, consultée par BFMTV, ils mentionnent le dépôt d'une main courante au commissariat de Poissy, suite à l'absence de "réponse" de la communauté éducative qu'ils attendaient.

Ils y écrivent également : "Il est incompréhensible que vous puissiez laisser un adolescent subir une telle violence verbale et psychologique dans votre établissement sans réagir [...] Aussi allons nous déposer plainte et vous considérer comme responsable si une catastrophe devait arriver à notre fils".

Le rectorat invitait les parents à «adopter une attitude constructive et respectueuse»

La réponse du rectorat de Versailles, obtenue par la chaîne d'informations, a suscité l'indignation. Dans son courrier, le rectorat reprochait aux parents de "remettre en cause les fonctions" et de "menacer de dépôt de plainte le personnel de direction du lycée professionnel" tout en évoquant une "passivité face à un supposé harcèlement subi par [leur] enfant". Il citait également l'article du Code pénal sanctionnant les dénonciations calomnieuses, rappelant que celles-ci sont passibles de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 45 000 euros.

Le courrier se concluait par une injonction du rectorat envers les parents à "adopter désormais une attitude constructive et respectueuse envers les membres de la communauté éducative" et avertissait : "Je serais contrainte, le cas échéant, de prendre toutes les mesures nécessaires tant au bon fonctionnement du service public de l'Éducation nationale qu'à la protection et la sécurité des personnels qui y concourent".

Le lendemain du drame, Gabriel Attal, ministre de l'Education nationale, avait confirmé que "des faits de harcèlement avaient été déclarés au cours de l’année scolaire 2022-2023". Il avait aussi annoncé l'ouverture d'une enquête administrative. Le gouvernement a annoncé que la lutte contre le harcèlement scolaire était l'une de ses priorités cette année.