Tir mortel à Sevran : le policier déféré en vue de sa mise en examen pour «violences volontaires ayant entraîné la mort»

Le parquet a également requis son placement sous contrôle judiciaire.
Tir mortel à Sevran : le policier déféré en vue de sa mise en examen pour «violences volontaires ayant entraîné la mort»
Illustration. (Alexandre Marchi / PhotoPQR / Maxppp)
Par Actu17
Le vendredi 1 avril 2022 à 16:18 - MAJ vendredi 1 avril 2022 à 18:20

Le procureur de la République de Bobigny, Eric Mathais, a annoncé lors d'une conférence de presse ce vendredi après-midi que le policier de 32 ans auteur du coup de feu mortel à Sevran (Seine-Saint-Denis) durant une intervention visant à interpeller un homme de 33 ans au volant d'une fourgonnette volée, va être présenté à un juge d'instruction en vue de l'ouverture d'une information judiciaire du chef de "violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

La mise en examen et le placement sous contrôle judiciaire du fonctionnaire ont été requis par le parquet, avec l'interdiction de se rendre en Seine-Saint-Denis, l'interdiction d'entrer en contact avec les témoins et la famille de la victime, et l'interdiction d'exercer son activité de policier et de détenir une arme.

Il évoque la « légitime défense »

Le policier de la brigade anticriminalité (BAC) a déclaré au cours de sa garde à vue "s'être senti en état de légitime défense, de lui-même et des autres piétons présents sur les lieux" a précisé le magistrat. Au moment du tir, il se trouvait à hauteur de la portière côté conducteur. Il a déclaré "s'être placé au niveau de la vitre conducteur, avoir levé son arme en criant 'police !' et disait avoir tenté à plusieurs reprises d'ouvrir la portière qui était verrouillée". "Il voyait le conducteur enclencher une vitesse et accélérer fortement", a détaillé Eric Mathais. "A ce stade de l'enquête la chronologie exacte de cet enchaînement très rapide n'est pas encore parfaitement établie", a insisté le procureur, les faits s’étant déroulés en moins d'une minute "entre 12h22 et 12h23".

"Le fonctionnaire de police reste présumé innocent et sa responsabilité pénale sera examinée pendant un procès pénal. (...) Des investigations complémentaires seront menées pour déterminer les positions précises et les actes de chacun. Cette affaire ne saurait donner lieu à un procès anticipé", a également rappelé Eric Mathais.

Le chauffeur de 33 ans, Jean-Paul Benjamin dit "JP", a été touché au niveau de l'omoplate gauche. Il est décédé quelques heures plus tard. Bien connu dans le quartier des Beaudottes à Sevran, "JP" avait ouvert avec sa compagne une entreprise de livraison. Le jour du drame, il serait allé à la rencontre d'une personne avec qui il travaillait et qui lui devait de l'argent. Face à son refus de payer, il lui aurait volé sa fourgonnette. Le trentenaire était connu des services de police pour une trentaine de faits entre 2003 et 2015 mais s'était depuis "rangé". Une marche blanche au départ de la cité du Gros-Saule à Aulnay-sous-Bois aura lieu ce samedi à 11h00.