Paris : L'homme qui avait dénoncé le comportement de policiers de la BRAV-M de nouveau interpellé

L'étudiant tchadien Souleyman A., 23 ans, qui avait dénoncé le comportement et les propos humiliants de policiers de la BRAV-M fin mars, a été interpellé à nouveau lors d'une manifestation contre la réforme des retraites à Paris. Des versions contradictoires entourent cette arrestation.
Paris : L'homme qui avait dénoncé le comportement de policiers de la BRAV-M de nouveau interpellé
Souleyman A. a été placé en garde à vue vendredi 14 avril 2023 à Paris. (capture écran / interview BFMTV)
Par La Rédaction
Le dimanche 16 avril 2023 à 19:28 - MAJ lundi 17 avril 2023 à 09:36

Mise à jour 21h15 : Souleyman A. a été remis en liberté sans charge, les deux autres jeunes hommes font l'objet de poursuites. A lire ici.

L'étudiant tchadien Souleyman A., âgé de 23 ans, qui faisait partie du petit groupe de personnes interpellées en mars dernier lorsque des policiers parisiens de la BRAV-M ont été enregistrés à leur insu, alors qu'ils tenaient des propos racistes et humiliants, a été de nouveau arrêté à Paris a-t-on appris, confirmant une information du Figaro. Souleyman A. et deux autres étudiants de 19 ans ont été interpellés ce vendredi soir à 21h46, par des policiers de la brigade des réseaux franciliens (BRF), dans la rue Saint-Florentin (Ier), près de la place de la Concorde, en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites, alors que le conseil constitutionnel venait de valider, en grande partie, cette loi.

Les trois étudiants, équipés de gel hydroalcoolique, d'un briquet et pour certains de cagoules, qui sortaient du métro, auraient déclaré à des policiers en civil - qu'ils auraient pris pour des émeutiers - leur intention de mettre le feu à des poubelles dans une ruelle. Les étudiants auraient alors tenté d'allumer un feu de poubelle près de la station de métro Concorde, avant de se rétracter et de se diriger vers la rue du Chevalier-de-Saint-Georges, où il n'y avait personne.

Il affirme avoir été «incité» par les policiers

Souleyman A. aurait déclaré, selon BFMTV, que les policiers en civil les auraient incités à commettre ces dégradations et auraient filmé les faits avant de procéder à leur interpellation. Son avocat, Me Arié Alimi, a affirmé à la chaîne d'informations détenir des preuves soutenant cette version des faits, y compris la vidéo prise par l'un des policiers en civil et les images des caméras de vidéosurveillance. L'avocat envisage de déposer une plainte.

En mars dernier, Souleyman A. a dénoncé l'attitude raciste et violente de membres de la BRAV-M lors de son arrestation. Un enregistrement de l'échange avait révélé des propos humiliants et menaçants de la part des fonctionnaires, qui font depuis l'objet de deux enquêtes, l'une judiciaire et la seconde administrative. Souleyman A. a porté plainte pour agression sexuelle, menace de commettre le crime de viol, violation des libertés individuelles, violences et faux en écriture publique.

La préfecture de police s'est abstenue de commenter cette nouvelle affaire, indiquant seulement que l'étudiant avait été interpellé pour "participation à un groupement en vue de commettre des dégradations à l'aide d'un moyen dangereux". La garde à vue de Souleyman A. a été prolongée ce samedi. Le parquet doit prendre une décision concernant la suite à donner à cette affaire, ce dimanche.

«Nous jouons avec les manipulateurs d'opinion à armes de communication inégales»

Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO, a déploré la présentation de Souleyman A. comme un "gentil samaritain" par certains médias, sans donner de droit de réponse aux policiers de la BRAV-M. Elle a soutenu que la réaction des policiers impliqués dans l'incident de mars n'était pas sans raison. "Nous jouons avec les manipulateurs d'opinion à armes de communication inégales", a-t-elle assuré, au Figaro.

Le cas de Souleyman A. a été longuement évoqué dans un article du célèbre quotidien américain New York Times ce vendredi, aux côtés de Salomé R., qui a elle aussi été interpellée durant la nuit du 20 au 21 mars. Cette dernière a dénoncé des "violences policières" ce soir-là, au cours d'une "manifestation spontanée et pacifique".