Revirement de Ziad Takieddine : le parquet financier dément l'ouverture d'une enquête pour subornation de témoin

Le parquet national financier (PNF) a démenti dans un communiqué l'ouverture d'une enquête préliminaire pour subornation de témoin, après le revirement de Ziad Takieddine qui affirme désormais que Nicolas Sarkozy n'a pas reçu d'argent de la Libye.
Revirement de Ziad Takieddine : le parquet financier dément l'ouverture d'une enquête pour subornation de témoin
Ziad Takieddine le 8 octobre 2019 au tribunal de Paris. (photo Aurelien Morissard/IP3 Press/Maxppp)
Par Actu17
Le jeudi 10 décembre 2020 à 14:14 - MAJ jeudi 10 décembre 2020 à 14:30

Ziad Takieddine, le principal accusateur de l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, est revenu sur ses déclarations le 11 novembre dernier, affirmant que l'ex-chef de l'État n'avait pas bénéficié d'un financement libyen pour sa campagne victorieuse de 2007. Le franco-libanais de 70 ans qui se trouve actuellement au Liban s'était exprimé le mois dernier dans une vidéo dévoilée par BFMTV et Paris Match.

« Je le dis haut et fort, ce juge Tournaire a bien voulu tourner ça à sa manière et me faire dire des propos qui sont totalement contraires aux propos que j’ai dits. Il n’y a pas eu de financement de campagne présidentielle de Sar­kozy », a-t-il affirmé, depuis Beyrouth.

Nicolas Sarkozy avait réagi peu après, se félicitant que « la vérité éclate à nouveau ». « Le principal accusateur reconnaît ses mensonges. Jamais il ne m’a remis d’argent, jamais il n’y a eu de financement illégal de ma campagne de 2007 ».

Le parquet national financier dément "formellement"

Dans un communiqué ce jeudi, le procureur national financier Jean François Bohnert a indiqué qu'aucune enquête préliminaire n'avait été ouverte pour "subornation du témoin Takkiedine", démentant "formellement" une information donnée par l'hebdomadaire Le Point quelques heures plus tôt, qui évoquait l'hypothèse d'un "revirement" ayant été "monnayé".

Au lendemain des déclarations de Ziad Takieddine, le PNF avait notamment précisé dans un communiqué que l'homme d'affaires "avait disposé de tout le temps nécessaire pour relire ses procès-verbaux d'auditions avant de les signer" et qu'il n'avait "jamais formuler la moindre observation sur le détournement de ses interrogatoires", ajoutant que les mises en examen dans ce dossier "ne se limitent pas" aux seules déclarations de Ziad Takieddine.

L'homme d'affaires a été condamné en juin dernier dans l’affaire Karachi à cinq ans de prison, en son absence. Il fait depuis l'objet d'un mandat d'arrêt, ayant fui à Beyrouth la veille du délibéré.

Arrêté au Liban la semaine dernière

Par ailleurs, Ziad Takieddine a été arrêté au Liban le 4 décembre à la suite d'une notice émise par Interpol, "car il est recherché par les autorités françaises dans le cadre de son implication dans une affaire de corruption et de financement de la campagne", a précisé une source proche du dossier citée par Le Parisien. Il a depuis été remis en liberté sous contrôle judiciaire, dans l'attente d'un transfert de son dossier par Paris. Son lieu de résidence a été déterminé et ses passeports ont été confisqués détaille le quotidien. La justice libanaise étudie la possibilité de juger elle même Ziad Takieddine.

Le Liban n'extrade pas ses ressortissants nationaux et la procédure pourrait par conséquent rapidement prendre fin selon une source française.

Nicolas Sarkozy a été mis en examen le 16 octobre dernier pour « association de malfaiteurs » dans le cadre de cette enquête visant un financement libyen présumé de sa campagne de 2007. L’ex-chef de l’État avait déjà été mis en examen en mars 2018 pour « corruption passive », « recel de détournement de fonds publics » et « financement illégal de campagne », puis placé sous contrôle judiciaire. Thierry Gaubert et Claude Guéant ont eux aussi été mis en examen dans ce dossier. L'ancien ministre Brice Hortefeux a quant à lui été mis en examen pour « financement illégal de campagne électorale » et « association de malfaiteurs » ce mardi.

Ziad Takieddine est lui aussi mis en examen dans cette enquête pour « complicité de corruption » et « trafic d’influence ».