Le mercredi 6 mars 2019 à 20:54 - MAJ vendredi 8 mars 2019 à 07:41
"Parce que je vous aime, vous les flics, parce que heureusement que vous êtes là, parce que je ne regrette pas d'avoir été flic, parce que je suis fier d'avoir été flic, parce que j'ai perdu deux potes qui se sont suicidés, parce qu'il est arrivé ce qui est arrivé à Maggy [la présidente de l'association MPC]". C'est par ces mots qu'Olivier Marchal apparaît dans une vidéo diffusée ce mardi par plusieurs associations de policiers, qui ont décidé d'organiser un rassemblement mardi prochain au Trocadéro à Paris pour dénoncer le nombre de suicide alarmant dans la police nationale.
Parmi les associations présentes dans ce mouvement, le MPC (Mobilisation des policiers en colère), l'UPNI (l'Union des policiers nationaux indépendants), le CLIP (Collectif libre et indépendant de la police), et les FFOC (Femmes de forces de l'ordre en colère) notamment.
"Parce que nous avons perdu un collègue, un ami"
Dans cette vidéo d'une durée d'un peu plus de 5 minutes, de nombreux intervenants qui se sont filmés avec leur téléphone, prennent la parole, parfois en employant des termes forts. "Parce que nous avons perdu un collègue, un ami, parce que nous sommes les premiers témoins de cette violence du quotidien" dit Guillaume Lebeau, policier et vice-président de l'association MPC, désormais habitué aux plateaux télévisés.
"Parce qu'il n'est pas normal que nos jeunes en viennent à se donner la mort" explique Robert Paturel, ex-policier du RAID et ancien boxeur professionnel. "Parce que derrière chaque policier il y a un citoyen et que derrière elle, ou lui, une famille qui partage ses angoisses" dit Jean-Pierre Colombies, porte-parole de l'association UPNI.
"Parce que nous les épouses, nous réfléchissons à deux fois avant de dire le métier de nos maris, parce que nous nous regardons entre nous, en se demandant qui sera la prochaine veuve" explique ensuite Aurélie Laroussie, la présidente de l'association FFOC.
Un sénateur évoque "l'absence de réponse pénale adaptée"
"Les conditions indignes, que ce soit le logement, les locaux, les véhicules complètement à bout de souffle, le matériel de base qui manquait, l'absence de réponse pénale adaptée, les risques toujours accrus, que prennent les policiers" dit François Grosdidier, sénateur LR de Moselle.
En 48 heures cette semaine, trois policiers se sont donnés la mort en France. L'un au commissariat de Limoges, un second à Dunkerque et un troisième dans les Yvelines. Une situation qui s'était déjà produite en janvier dernier.
Au moins 17 policiers se sont suicidés depuis le 1er janvier
Le Directeur général de la police nationale Eric Morvan avait diffusé une note interne au début de l'année, évoquant un « constat douloureux » devant « amener collectivement, à nous rappeler le devoir de soutien de toute la chaîne hiérarchique, du chef de service à l’encadrement de proximité, et la solidarité entre collègues ».
En 2018, plus de 35 policiers et au moins 31 gendarmes ont mis fin à leurs jours. Un décompte non officiel, communiqué par ces mêmes associations, indique que 17 policiers nationaux se sont suicidés depuis le début de l'année.