Le mardi 28 juillet 2020 à 18:18 - MAJ mercredi 29 juillet 2020 à 00:32
Gérald Darmanin a décidé d'aller plus loin dans la prévention des suicides afin d'endiguer ce fléau qui touche durement les forces de l'ordre.
Le nouveau locataire de la place Beauvau était interrogé ce mardi à l'Assemblée nationale lors de la séance des questions au gouvernement, par le député de l'Indre François Jolivet (LREM), auteur le mois dernier avec 31 autres parlementaires d'un communiqué de presse destiné à attirer l'attention sur les nombreux suicides dans les rangs des policiers et des gendarmes.
Les forces de l'ordre devenues "les otages d'un magma médiatique et politique"
François Jolivet a d'abord rappelé que les forces de l'ordre "faisaient face à des situations violentes". "Sur le front de la sécurité du quotidien, elles deviennent des cibles, sur le front social, elles sont le réceptacle de bien des malaises individuels et collectifs. Elles sont par ailleurs devenues les otages d'un magma médiatique et politique, les jugeant et les condamnant avant même l'ouverture d'enquête", a poursuivi le député, avant d'énumérer les prénoms de dix membres des forces de l'ordre qui se sont donné la mort ces derniers mois.
Jérôme, Mathias, Alexis, Maggy, Pascal, Matthieu, Ludovic, Frédéric, Olivier, Marielle... Ils étaient policiers. Ils ont fait le choix de l'acte ultime.
Le suicide d’un membre des #FDO ne doit pas devenir une habitude sourde. Mon discours à l'@AssembleeNat⤵️#Jesoutienslapolice pic.twitter.com/eF2ByZPnlB
— François Jolivet (@FJolivet36) July 28, 2020
Une "dépression à laquelle nous devons absolument répondre"
Les policiers et les gendarmes "connaissent des difficultés qui sont propres à leur métier, qui ont des conséquences très importantes sur leur vie de famille et leur vie personnelle, et les mènent souvent à des questionnements sur leur engagement et parfois, dans des circonstances particulièrement dramatiques, à mettre fin à leur jour", a rappelé le ministre de l'Intérieur.
"Les cycles horaires des policiers et des gendarmes, la violence à laquelle ils sont confrontés, les mutations notamment de sortie d'école qui les mettent loin de leur famille et parfois de leur jeune famille, les poussent parfois à connaître cette dépression à laquelle nous devons absolument répondre", a ajouté Gérald Darmanin.
"L'une des raisons pour lesquelles les policiers et les gendarmes peuvent mettre fin à leurs jours, c'est effectivement les blessures, les agressions, les attaques (...) dont ils peuvent faire l'objet", a souligné le ministre. "Ils doivent en parler auprès de leur hiérarchie et auprès du ministère de l'Intérieur".
Un dispositif pour les policiers et gendarmes victimes d’agressions sera mis en place dès le début du moins d’août.
Il permettra, à toute heure, de les accompagner dans leurs difficultés professionnelles et personnelles grâce à un suivi individuel.#QAG pic.twitter.com/ct7Neg0bzF— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 28, 2020
"Un suivi bien plus individuel qu'il ne l'est aujourd'hui"
Gérald Darmanin a ensuite annoncé qu'un dispositif "élaboré par son prédécesseur", allait être mis en place "après consultation des syndicats, pour les policiers et les gendarmes victimes", et sera opérationnel "dès le début du mois prochain". Il "permettra à toute heure, dans plusieurs télédéclarations ou au téléphone" de "joindre immédiatement quelqu'un du ministère de l'Intérieur pour un suivi bien plus individuel qu'il ne l'est aujourd'hui".
"Entre un policier et quelqu'un qui a commis des méfaits qui sont contraires aux lois de la République, nous choisirons toujours le policier", a-t-il conclu.
En 2019, selon les chiffres de la police nationale, 59 policiers se sont donné la mort, soit une hausse de 60% par rapport à l’année précédente. Au moins 17 gendarmes ont également le même geste irréparable l'année dernière.
Depuis le 1er janvier, au moins 21 suicides ont été recensés dans les rangs de la police nationale et trois autres au sein de la gendarmerie. En avril 2019, Christophe Castaner avait annoncé la création d'un numéro vert (0805 230 405) pour lutter contre ce phénomène chez les forces de l'ordre.