Le dimanche 4 juin 2023 à 17:39 - MAJ dimanche 4 juin 2023 à 17:55
Un homme âgé de 23 ans soupçonné d'avoir incendié de nombreux véhicules en stationnement durant plusieurs nuits au mois de mai, dans le IIIe arrondissement de Paris, a été interpellé dans la nuit de mercredi à jeudi comme l'a révélé Actu17. Déféré ce vendredi au terme de sa garde à vue, ce barman domicilié dans le IIe arrondissement a comparu le lendemain devant la 23e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de la capitale.
Au total, il est soupçonné d'avoir brûlé ou endommagé 24 véhicules ainsi que des commerces. Le préjudice est estimé à plus de 550 000 euros. Le jeune suspect a finalement été placé en détention provisoire en l'attente de son procès qui aura lieu en septembre prochain.
C'est d'abord entre le 2 et le 6 mai dernier que le jeune homme est soupçonné d'avoir agi, puis de nouveau dans la nuit du 31 mai au 1er juin, toujours dans le IIIe arrondissement. Il a été interpellé au cours de cette dernière nuit après avoir été repéré par les policiers, alors qu'il revenait sur le lieu des faits. Le suspect avait déjà fait l'objet d'un contrôle lors des incendies précédents, alors qu'il se trouvait à proximité, et les enquêteurs disposaient de sa description ainsi que de quelques images de lui, de mauvaise qualité.
Il affirme que le feu «lui apporte un sentiment d'apaisement sur sa santé mentale»
Face aux enquêteurs de la brigade des enquêtes d'initiative (BEI), le jeune homme a rapidement reconnu les faits survenus la nuit précédente indique une source proche de l'enquête. "Il a déclaré qu'il souffrait de troubles psychologiques, notamment de dépression, assurant que le feu lui apporte un sentiment d'apaisement sur sa santé mentale", ajoute notre source. Concernant les faits survenus début mai, "il a expliqué ne plus se souvenir de ses agissements".
Les enquêteurs avaient collecté de nombreux éléments concernant l'auteur des faits, et ont notamment constaté qu'il agissait toujours avec un masque de protection respiratoire et des lunettes de soleil, pour dissimuler son visage. "Il avait vraisemblablement repéré l'endroit où se trouvent les vidéoprotections de la préfecture et se déplaçaient en y faisant attention", poursuit la même source.
"Quand les collègues d’investigation en commissariat ont le temps de travailler, leur compétence s’exprime et le résultat est là", souligne Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO. "Je salue l’excellent travail de recoupement de nos collègues enquêteurs, dans la continuité de ceux qui ont interpellé l'auteur présumé. J’espère qu'un jour les services locaux auront, à chaque fois, les moyens nécessaires pour mener leurs investigations, même quand les préjudices ne sont, a priori, pas importants. Il n’y a pas de 'petite investigation'", poursuit la syndicaliste. "Il faut valoriser cette filière qui s’occupe du quotidien des français. C'est de cette façon qu'on a souvent la surprise de découvrir que des faits en série ont été commis par le ou les mêmes auteurs, comme c'est le cas ici".
Selon le psychiatre qui a examiné le jeune suspect, ce dernier souffre d'un trouble bipolaire et d'un trouble déficitaire de l’attention. L'expert a précisé avoir détecté une altération partielle du discernement.
Son avocate a plaidé pour son placement en psychiatrie
Présenté devant la justice samedi, un renvoi du procès a été demandé afin que de nouvelles expertises psychiatriques puissent être menées. Son avocate a plaidé pour son placement dans "un service psychiatrique", ou pour une "assignation à résidence avec bracelet électronique" rapporte Le Parisien. "Mon fils a été un excellent élève. Il était fort en physique et en maths. (...) Mais juste après avoir eu tous ses choix, à Parcoursup, il s’est effondré. C’était un burn-out, une grosse dépression", a déclaré sa mère lors de l'audience, affirmant qu'il fallait que son fils soit "placé en centre de soins psychiatriques".
"Il a incendié dans ma rue trois véhicules, tous hybrides ou électriques. (...) Les électriques, ça brûle mieux, et le réservoir n’explose pas. Si ce n’est pas du discernement, ça !", a réagi l'une des victimes qui s'est constituée partie civile. Face à la complexité de la personnalité du prévenu, le tribunal a décidé de renvoyer le procès au 26 septembre 2023. Le jeune barman a été placé en détention provisoire.