Coups de feu mortels à Poitiers : le suspect de 25 ans mis en examen pour «assassinat» et écroué

Un homme de 25 ans, Issachar P., a été mis en examen pour assassinat et placé en détention provisoire après les coups de feu mortels survenue le 31 octobre à Poitiers (Vienne), qui a coûté la vie à Anis, un adolescent de 15 ans, et blessé quatre autres mineurs. Le suspect est déjà bien connu de la police et la justice.
Coups de feu mortels à Poitiers : le suspect de 25 ans mis en examen pour «assassinat» et écroué
Les coups de feu ont été tirés sur la place de Coimbra à Poitiers, le soir du 31 octobre 2024. (Google view)
Par Actu17
Le vendredi 8 novembre 2024 à 19:01

Issachar P., l'homme de 25 ans soupçonné d'avoir ouvert le feu le 31 octobre dans le quartier des Couronneries à Poitiers (Vienne), tuant Anis, un adolescent de 15 ans, et blessant quatre autres mineurs, a été mis en examen pour assassinat et placé en détention provisoire ce jeudi 7 novembre, a annoncé le parquet de Poitiers. Le suspect avait été interpellé après s’être rendu aux policiers mardi, à Paris, avant d'être placé en garde à vue et transféré à Poitiers, où il a été présenté à un juge d’instruction.

L’identité du suspect, confirmée par les autorités, "correspond à celle de l’auteur présumé des tirs qui faisait l’objet d’un mandat de recherche délivré par le parquet de Poitiers", a indiqué Cyril Lacombe, le procureur de la République de Poitiers. Ce mandat avait été émis à l’encontre d'un homme suspecté d'être impliqué dans le trafic de stupéfiants au sein du quartier où s'est déroulée la fusillade mortelle. Issachar P. était déjà connu de la justice pour des faits de violences et de trafic de drogue, et il avait également été mis en examen dans une affaire de détention d'armes à Marseille.

Un membre présumé du gang marseillais Yoda

Selon BFMTV, le suspect avait été interpellé en 2022 dans la cité de La Paternelle à Marseille (14e arrondissement) et avait été trouvé en possession de plusieurs Kalachnikovs notamment. Issachar P. avait à l'époque été recruté sur les réseaux sociaux pour assurer la sécurité d'un des points de deal de cette cité, tenu par le gang du nom de Yoda, d'après une source proche de l'affaire citée par la chaîne d'informations.

La police a découvert, lors d’une perquisition dans un logement potentiellement occupé par le suspect à Poitiers, "des éléments partiels d’une arme démontée, dont la crosse et le mécanisme", ainsi que sept munitions du même calibre que celles retrouvées sur la scène de la fusillade. Les enquêteurs avaient en effet découvert onze étuis de calibre .22 long rifle aux abords d'un restaurant kebab, où le drame s’est déroulé en marge d'une soirée Halloween organisée par une association et ayant rassemblé de nombreux jeunes.

Lors d'une conférence de presse vendredi dernier, le procureur de la République de Poitiers, Cyril Lacombe, a indiqué que le suspect avait été aperçu dans le quartier des Couronneries, les jours précédents les coups de feu, alors qu'il vendait des produits stupéfiants. Selon nos informations, le jeune homme est également soupçonné d'avoir commis plusieurs vols de trottinettes électriques avec violences durant les semaines précédentes. La veille des coups de feu mortels, il aurait eu un différend avec les trafiquants de drogue implantés dans le quartier des Couronneries, qui ont tenté de l'évincer "en lui mettant la pression". Le meurtrier présumé aurait alors décidé de revenir sur les lieux jeudi soir et d'ouvrir le feu, "pour instaurer un rapport de force, comme cela se fait à Marseille", souligne une source proche de l'affaire.

«La main de la mafia de Marseille»

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait initialement évoqué "une rixe entre bandes rivales" impliquant "entre 400 et 600 personnes" sur le lieu des faits. Selon le parquet et la police, seuls quelques dizaines d’individus auraient pris part à de brèves échauffourées, rapidement maîtrisées par les forces de l’ordre après les tirs. Jeudi 7 novembre, Bruno Retailleau a relié cet acte au trafic de drogue organisé depuis Marseille, déclarant sur Sud Radio : "Derrière ce meurtre, comme celui du jeune Nicolas [tué devant une discothèque à Saint-Péray en Ardèche la même nuit], il y a la main de la mafia de Marseille. Je vous confirme qu’il y a la main de la DZ Mafia derrière la mort de Nicolas et que, pour le meurtre du jeune à Poitiers, il y a un autre clan marseillais". Il a ajouté que cette violence témoigne de "l’exportation" de ces réseaux criminels, agissant désormais "un peu comme une entreprise", en créant "des succursales partout sur des villes moyennes".

L’avocate de la mère d'Anis, Yasmina Djoudi, a tenu à préciser que l’adolescent tué "n’avait aucun problème de délinquance" et "n’avait strictement rien à voir avec le trafic de drogue". Selon elle, le jeune garçon "a dit à sa mère qu’il allait s’acheter un sandwich avant de rentrer. Et il a reçu une balle". La maire de Poitiers, Léonore Moncond’huy, a également souligné que l’adolescent était étranger à ces affaires de stupéfiants, appelant le ministre de l'Intérieur à "rétablir la vérité".