Le mardi 22 juillet 2025 à 16:27
Une conductrice de 83 ans a été condamnée à quatre ans de prison avec sursis pour avoir percuté un groupe d'enfants à vélo à La Rochelle (Charente-Maritime), causant la mort de Margot, 10 ans.
Le jugement a été rendu ce mardi 22 juillet par le tribunal correctionnel de La Rochelle. Josette, ancienne vendeuse aujourd'hui veuve, était poursuivie pour "homicide involontaire aggravé" après avoir emprunté à contresens une avenue limitée à 30 km/h le 5 juin 2024. Ce jour-là, elle avait violemment percuté un groupe de douze enfants circulant à vélo, casqués et munis de gilets réfléchissants, encadrés par deux animateurs du centre de loisirs municipal. Les enfants se dirigeaient alors vers un parc de la ville. Margot, 10 ans, est décédée deux jours après des suites de ses blessures. Six autres enfants, âgés de 7 à 11 ans, ont été gravement blessés.
Après l’impact, la conductrice avait poursuivi sa route avant qu’un témoin ne parvienne à l’arrêter. Elle a été testée négative à l’alcool et aux stupéfiants. L’octogénaire a affirmé à la barre : "J’ai eu un malaise. Je ne me rappelle pas. Je n’ai pas d’explication". Les experts médicaux ont exprimé des avis divergents sur la nature de cet épisode, certains évoquant une syncope, d’autres une perte de connaissance. "Avec un trou noir ou une perte de connaissance, les conséquences n’auraient pas été les mêmes", ont souligné les médecins lors de l’audience.
«L'absence totale d’empathie de la part de la prévenue»
Le président du tribunal a interrogé Josette sur son aptitude à conduire, faisant référence à des malaises antérieurs et à sa connaissance partielle du Code de la route. "Quand je n’étais pas bien, je ne prenais pas le volant", a-t-elle répondu. Durant son procès, elle a tenu des propos confus et manqué d’émotion, suscitant la colère du père d’une victime, qui s’est dit "sidéré" par "l’absence totale d’empathie de la part de la prévenue". Ce n’est qu’au dernier jour des débats qu’elle a présenté ses excuses aux victimes, en larmes.
La procureure avait requis, en plus du sursis, l’annulation du permis de conduire, une interdiction de le repasser pendant cinq ans et une contravention de 200 euros. "Cet accident aurait pu être largement évitable", avait-elle déploré, estimant que l’octogénaire, qui avait connu plusieurs malaises, "n’était pas capable" de conduire.
Me Vincent Berthault, avocat de la défense, avait plaidé la relaxe en soulignant qu’aucun élément médical n’imposait qu’elle rende son permis avant les faits. Pour Me Vincent Julé-Parade, représentant plusieurs parties civiles dont la famille de Margot, "elle est la démonstration que notre système de conduite, qui se fonde sur l’autoévaluation, ne fonctionne pas bien".
En raison de son état de santé au moment des faits, Josette n’avait pas pu être placée en garde à vue. Elle avait été admise en hôpital psychiatrique.