Le vendredi 5 septembre 2025 à 11:05
Au terme de trois jours d'un procès éprouvant, l'ancien policier Arnaud Bonnefoy a été condamné dans la nuit du 4 au 5 septembre à vingt-deux ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Paris. Il a été reconnu coupable du meurtre par strangulation de sa compagne, Amanda Glain, une créatrice de contenus digitaux de 28 ans qui souhaitait le quitter. Ce drame, survenu en janvier 2022, fut l’un des 118 féminicides recensés par le ministère de l’Intérieur cette année-là.
Juste avant que le jury ne se retire pour délibérer, l'accusé de 33 ans a pris une dernière fois la parole. "J’ai été honnête", a-t-il déclaré. "C’est un acte que je regretterai toute ma vie et qui est impardonnable. Mais j’ai dit la vérité sur cette affaire". Le verdict, accueilli dans le calme tant par l'accusé que par les proches de la victime, est en deçà des vingt-huit ans requis par l’avocate générale, Inès Bordet, qui avait émis des doutes sur la sincérité de ses regrets.
Les jurés ont cependant estimé que la version d'Arnaud Bonnefoy était "corroborée" par les expertises et "cohérente avec les constatations sur la scène de crime", comme l'a expliqué le président de la cour, Marc Sommerer. Sa "reconnaissance des faits" a été jugée "sincère et authentique", et sa démarche de soins entamée en détention a également été prise en compte. Le président a rappelé la gravité du geste, qualifiant l'étranglement de "geste le plus mortifère de tous" aux "conséquences dramatiquement irrévocables".
Une «jalousie maladive», «tyrannique» et «infondée»
Les faits remontent au 28 janvier 2022, lorsque le corps d'Amanda Glain avait été retrouvé dans le petit studio parisien de 18 m² que louait Arnaud Bonnefoy. Ce dernier s'était rendu aux autorités au terme de trois semaines de cavale. Durant le procès, il a expliqué son passage à l'acte par une "jalousie maladive", "tyrannique" et "infondée" qui avait ruiné ses deux ans de relation avec la jeune femme, une relation déjà empreinte de violences, d'insultes et de menaces de mort.
Au matin du drame, après une énième dispute, Amanda Glain lui avait confirmé sa décision de rompre. Tandis qu'elle se maquillait dans la salle de bains, il a raconté avoir été "submergé" par "la peur de son départ", éprouvant un mélange de "fureur, de colère, de haine, de peine". C'est à ce moment qu'il l'a étranglée. Poussé par les questions du président pour savoir s'il avait eu l'intention de la tuer, l'accusé, d'abord hésitant, a fini par lâcher dans un souffle : "Oui, effectivement."
Confronté à son passé, et notamment aux témoignages de deux ex-compagnes venues décrire sa violence, l'ancien policier a exprimé des remords plus larges. "Je ne me suis pas rendu compte du comportement que j’ai eu pendant des années, qui ont détruit" ces deux femmes "et ont fini par tuer Amanda", a-t-il concédé, regrettant de n'avoir "pas eu le courage de suivre les traitements nécessaires". Arnaud Bonnefoy dispose d'un délai de dix jours pour faire appel de cette décision.