Le mardi 26 août 2025 à 17:43
Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire visant la plateforme de vidéos en ligne Kick, après la mort en direct de Raphaël Graven, connu sous le pseudonyme de Jean Pormanove, le 18 août à Contes (Alpes-Maritimes). Cette nouvelle procédure s’ajoute aux investigations déjà menées par le parquet de Nice pour éclaircir les circonstances du décès du vidéaste.
L’enquête parisienne, ouverte le 25 août "du chef de fourniture en bande organisée de plateforme en ligne illicite", a été initiée au titre de la compétence concurrente nationale cyber. Selon le communiqué du ministère public, elle cherchera à déterminer "si la plateforme KICK fournissait, en connaissance de cause, des services illicites, notamment par la diffusion de vidéos d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne". Elle doit aussi vérifier si Kick "satisfaisait aux obligations issues du règlement européen sur les services numériques (DSA), notamment l’obligation de signaler aux autorités les risques d’atteintes à la vie ou à la sécurité des personnes". Le parquet souligne que ce délit "est réprimé d’une peine maximale de 10 ans d’emprisonnement et 1 million d’euros d’amende lorsqu’il est commis en bande organisée". Les investigations sont confiées à l’Office anti-cybercriminalité (OFAC) de la direction nationale de la police judiciaire.
L'intervention d'un tiers écartée par l'autopsie
En parallèle, le parquet de Nice poursuit ses propres investigations sur les causes exactes de la mort de Raphaël Graven. Le procureur de la République de Nice a indiqué, à l’issue de l’autopsie, que "l’intervention d’un tiers" avait été écartée, les deux médecins légistes n’ayant relevé aucune "lésion traumatique". Les causes du décès restent à déterminer, "d’origine médicale et/ou toxicologique".
Raphaël Graven, 46 ans, est mort lors d’un direct de plus de douze jours suivi par près de 200 000 internautes. La diffusion montrait le vidéaste et un autre homme violentés et humiliés par deux personnes. Sa chaîne présentait depuis plusieurs mois des séquences où il apparaissait insulté, frappé, menacé ou encore atteint par des tirs de paintball, des scènes que ses promoteurs décrivaient comme "scénarisées".
«Kick n’a pas fait tout ce qui était possible pour pouvoir mettre fin à la diffusion de contenu qui était dangereux»
La ministre déléguée au numérique, Clara Chappaz, a par ailleurs annoncé son intention d’attaquer en justice la plateforme australienne. "Kick n’a pas fait tout ce qui était possible pour pouvoir mettre fin à la diffusion de contenu qui était dangereux", a-t-elle déclaré à l’issue d’une réunion interministérielle organisée à Bercy. Son entourage a confirmé que l’action serait engagée "sur le fondement de l’article 6.3 de la loi sur la confiance dans l’économie numérique". La ministre a également annoncé le lancement d’une mission d’inspection et la réactivation, prévue en octobre, de l’Observatoire de la haine en ligne.
Selon le parquet de Paris, les deux juridictions "sont en lien étroit afin de se communiquer réciproquement les éléments susceptibles d’éclairer l’une et l’autre procédure". L’affaire mêle ainsi des enquêtes sur les violences subies par le vidéaste et sur la responsabilité pénale potentielle de la plateforme qui a diffusé ces images.