Un ex-policier de la brigade des mineurs de Marseille condamné à 15 ans de réclusion pour viols d'enfants

Un ancien policier de la brigade des mineurs de Marseille, âgé de 46 ans, a été condamné ce jeudi 4 septembre à 15 ans de réclusion criminelle par la cour criminelle des Bouches-du-Rhône. Julien Palisca a été reconnu coupable de viols sur deux frères mineurs aux Philippines en 2018 et de la détention de milliers de fichiers pédopornographiques.
Un ex-policier de la brigade des mineurs de Marseille condamné à 15 ans de réclusion pour viols d'enfants
Illustration. (Shutterstock)
Par Actu17
Le vendredi 5 septembre 2025 à 10:35

Un ex-brigadier de la brigade des mineurs de Marseille, Julien Palisca, a été condamné ce jeudi par la cour criminelle des Bouches-du-Rhône à 15 ans de réclusion criminelle. L'homme de 46 ans a été reconnu coupable de viols sur deux frères mineurs aux Philippines en 2018 et de détention de milliers de fichiers pédopornographiques. Impassible à l'énoncé du verdict, l'accusé laisse derrière lui quatre jours d'un procès qui n'aura pas suffi à percer le mystère de sa double vie.

Le verdict, prononcé par les cinq magistrats professionnels, est lourd et détaillé. La peine de 15 ans de réclusion est assortie d'une période de sûreté des deux tiers, soit 10 ans incompressibles. À sa sortie de prison, Julien Palisca sera soumis à un suivi socio-psychologique de dix ans, avec une injonction de soins et une obligation d'indemniser ses victimes. Le non-respect de ces mesures pourrait lui coûter cinq années de prison supplémentaires. Enfin, il lui est définitivement interdit d'exercer la profession de policier ou toute activité, même bénévole, au contact d'enfants, et il ne pourra quitter le territoire français pendant cinq ans. "C'est un verdict qui est à la hauteur de la gravité des faits", a reconnu son avocate, Me Justine Boyadjian, auprès d'Ici espérant qu'il puisse commencer enfin une véritable thérapie.

«Qui êtes-vous ? Comment vous croire ?»

Pourtant, au terme des débats, la question qui hantait toutes les parties demeure entière. "Qui êtes-vous ? Comment vous croire ?", lui a lancé durant sa plaidoirie Me Julie Bolo-Jolly, l'avocate des deux victimes philippines. Une interrogation partagée par l'avocate générale, Sylvaine Schumacher, qui a dépeint le portrait d'un homme à deux visages : "un Dr Jekyll décrit par ses collègues comme solaire" et "sa face cachée de Mister Hyde qui a dupé beaucoup de monde jusqu’à ce que son collègue, Christophe Annunziata, ne démasque l’imposteur". Les experts psychologues ont tous pointé une "empathie froide", une incapacité à reconnaître ses victimes en tant que telles.

Sa tentative d'excuse, lancée en visioconférence à l'aîné des frères, a illustré ce décalage : "Je suis désolé de ce qu'il s'est passé entre nous", des mots immédiatement repris par le parquet rappelant qu'une relation sexuelle entre un adulte et un enfant n'est pas partagée, mais subie.

«Je plaide coupable. Condamnez-moi lourdement»

Les faits, commis en septembre 2018 à Manille, ont été qualifiés de tourisme sexuel par les parties civiles. Me Bolo-Jolly a rappelé un élément accablant : "On ne va pas aux Philippines par hasard quand, avant de partir, on a tapé dans la barre de recherche de son ordinateur 'prostitution Manille'". Confronté aux témoignages des deux frères, l'accusé n'a offert que des aveux a minima. Une posture calculatrice dénoncée par les avocats des associations de protection de l'enfance. "Vous plaidez coupable quand on vous colle l’évidence sous les yeux", a cinglé Me Joanny Moulin, pour Enfance et Partage. Me Baptiste Bellet, pour la Fondation pour l’Enfance, a résumé l'attitude de l'accusé : "Je plaide coupable. Condamnez-moi lourdement. J’irai consulter des psychiatres, mais laissez-moi tranquille !"

Face à ces accusations, la défense, assurée par Me Justine Boyadjian, a tenté d'apporter un éclairage en rappelant que "son passé d’enfant abusé l’a poursuivi toute sa vie". Elle a souligné que son client, malgré les alertes, n'avait jamais effacé les milliers de fichiers pédopornographiques ni les notes compromettantes où il relatait lui-même les viols.

«L'inertie de la hiérarchie et l’aveuglement de certains»

L'accusé avait lui-même exprimé un "besoin de soins" : "à la maison d’arrêt, je suis pris en charge. En liberté, je ne suis pas sûr tant que j’aurais pas mis en place un suivi."Ce procès a également mis en lumière de possibles défaillances institutionnelles, soulevant des questions sur "l'inertie de la hiérarchie et l’aveuglement de certains au sein de la brigade des mineurs". L'avocate générale a d'ailleurs assuré "partager la colère" du collègue qui a permis de révéler l'affaire, laissant les anciens collègues de l'accusé, présents au procès, avec leurs nombreuses interrogations.