Le lundi 21 décembre 2020 à 19:16 - MAJ lundi 21 décembre 2020 à 19:59
Une patrouille de police a été requise vers 23h15 ce dimanche soir par un habitant de la rue Béranger à Paris (IIIe). Il était excédé. Ce dernier a expliqué aux policiers qu'une fête se déroulait dans l'un des appartements voisins au sien et que ce logement était régulièrement loué sur une plateforme spécialisée sur internet. Le requérant a décrit de la musique à plein volume et de nombreux fêtards. D'autres voisins venaient justement d'alerter la police, n'arrivant pas à dormir. Certains ont évoqué la présence d'une trentaine de participants à cette fête sauvage.
Les forces de l'ordre ont pénétré dans cet immeuble situé au numéro 19 et se sont dirigés à la porte de l'appartement concerné. La musique venait visiblement d'être coupée, les fêtards ayant sans doute remarqué l'arrivée de la police. Néanmoins, les fonctionnaires ont entendu de nombreuses personnes parler à l'intérieur. Ils ont continué à sonner et quelqu'un leur a répondu derrière la porte. Selon leur récit, leur interlocuteur a affirmé qu'il avait "peur de la police" et qu'il ne voulait donc par conséquent par ouvrir.
Rattrapé et interpellé
Face à cette impasse, les policiers ont décidé de quitter les lieux peu avant minuit tandis qu'un second équipage est resté non loin de l'immeuble. Un homme est justement sorti peu après. Il venait de quitter l'appartement dans lequel cette soirée clandestine se déroule.
Les fonctionnaires ont procédé à son contrôle, d'autant qu'il ne portait pas de masque. Il n'avait pas non plus de document à son nom, ni d'attestation de sortie. Alors qu'il allait être conduit au commissariat pour une vérification d'identité et pour être verbalisé, cet homme de 35 ans a donné deux coups de poing au visage d'un des policiers puis en a profité pour partir en courant. Le fuyard a été rattrapé, maîtrisé et interpellé dans la rue du Temple, avant d'être placé en garde à vue. Trois policiers ont été blessés au cours de cette intervention, notamment celui qui a reçu les coups de poings, qui a été touché à un œil.
Les forces de l'ordre ont ensuite décidé de surveiller l'activité devant cet immeuble par l'intermédiaire des caméras de vidéosurveillance PVPP. Vers 4 heures du matin, un homme au volant d'une Renault Kangoo s'est arrêté devant. Il semblait livrer quelque chose. Les policiers ont procédé à son contrôle.
Le conducteur leur a expliqué qu'il venait apporter des ballons de baudruche ainsi que trois bonbonnes d'hélium, après une demande passée sur Snapchat. Tout comme le protoxyde d'azote - également appelé "gaz hilarant" - l'hélium est utilisé comme produit stupéfiant, dans les soirées notamment. Les fêtards remplissent leur ballon gonflable avec le gaz, avant de l'aspirer. Le "livreur" a été verbalisé pour non-respect du couvre-feu à hauteur de 135 euros.
Deux blessés dans la soirée
Plus tard vers 04h40, les policiers qui se trouvaient toujours à proximité ont été la cible de jets d'ampoules qui ont explosé par terre. Les auteurs se sont rapidement engouffrés dans ce même appartement.
La nuit ne s'est pas arrêtée là. Vers 05h40, ce sont les sapeurs-pompiers qui ont été appelés pour deux blessés. Selon les explications du requérant, deux participants de la soirée clandestine se seraient coupés avec un bris de vitre. Bagarre ou vrai accident ? L'enquête le déterminera.
Les deux blessés, deux hommes de 25 et 34 ans, ont d'abord refusé d'être pris en charge par les pompiers. Ils ont finalement changé d'avis. Alcoolisés et présentant des plaies suturales, ils ont été conduits à l'hôpital. Les policiers les ont également verbalisés pour le non-respect du confinement, tout comme deux de leurs amies âgées de 22 ans qui sont sorties de l'appartement au même moment.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux
Une enquête a été ouverte et confiée au commissariat du centre, qui s'occupe des quatre premiers arrondissements de la capitale, afin d'identifier l'organisateur de cette fête clandestine, entre autres.
Des images de la soirée ont été diffusées sur les réseaux sociaux, notamment par le rappeur Hayce Lemsi, de son vrai nom Islam Belouizdad, âgé de 33 ans. Sur ces différentes séquences diffusées sur son compte Instagram qui compte plus de 345 000 followers, on aperçoit une trentaine de fêtards dans l'appartement, certains avec des ballons de baudruche, ainsi que des verres d'alcool.
"Des fêtes sauvages ont lieu toutes les nuits actuellement dans Paris. A presque chaque intervention, les policiers se font insulter et tombent face à des personnes qui n'ouvrent pas", déplore un gradé de la police parisienne. "Et encore, on s'attend à pire dans les jours à venir, notamment pour le 31", s'inquiète-t-il.
Près de 200 personnes dans une fête à Ivry la nuit précédente
Les soirées clandestines de ce type se multiplient en France ces dernières semaines. Le phénomène était déjà apparu lors des deux périodes de confinement. Dans la nuit de samedi à dimanche, une autre fête sauvage rassemblant près de 200 personnes s'est déroulée à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) dans un hangar. Une cinquantaine de personnes ont été verbalisées par la police. En outre, un homme de 32 ans accusé d'être l'organisateur a été placé en garde à vue pour "mise en danger de la vie d'autrui". Ce dernier avait déjà participé à l'organisation des deux soirées clandestines dans le loft de Joinville-le-Pont le mois dernier.
Le week-end précédent à Marseille, les policiers étaient intervenus pour une soirée clandestine avec 500 fêtards.