Le mardi 20 mai 2025 à 19:38
Quinze ans après la mort d’Aurélie Fouquet, un hommage officiel a été rendu ce mardi à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), en présence du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy.
Le 20 mai 2010, une fusillade éclatait sur l’autoroute A4 alors qu’un commando de braqueurs tentait d’attaquer un fourgon blindé. Repérés par une patrouille de la police nationale, les malfaiteurs prenaient la fuite. Une course-poursuite s’engageait, marquée par des échanges de tirs nourris. Une voiture de la police municipale, arrivée en renfort, transportait Aurélie Fouquet et l’un de ses collègues. La fonctionnaire de 26 ans était mortellement touchée par une rafale de Kalachnikov. Elle devenait la première policière municipale tuée en service. En 2018, Rédoine Faïd, considéré comme l’organisateur de cette tentative de braquage, a été condamné en appel à 25 ans de réclusion criminelle.
«Le sens du devoir, l'esprit du sacrifice»
Lors de la cérémonie, Bruno Retailleau a salué la mémoire de la jeune femme : "Cette dette, c'est d'abord celle de la fidélité, à sa mémoire, à son exemple. Les années passent, mais l'exemple d'Aurélie demeure. Alertée par ses collègues de la police nationale, elle s'était avancée. Confrontée aux tirs furieux des criminels, elle avait tenu, elle n'avait pas reculé. C'était cela, Aurélie Fouquet, le sens du devoir, l'esprit du sacrifice, des valeurs qui font plus qu'un engagement, des valeurs qui transcendent une existence. La sienne aura été mise toute entière au service des autres, le don de soi, plutôt que le chacun pour soi. La fidélité à sa mémoire, la fidélité aussi à ses proches. Je pense à sa famille, au jeune Alexis, son fils âgé aujourd'hui de 16 ans, qui aura enduré ce drame, ce drame de grandir sans sa mère, loin de sa mère. Je pense à ses parents, qui auront vécu la douleur de perdre un enfant. Je pense à ses amis qui, depuis 15 ans, chérissent le souvenir d'une femme rayonnante, d'une femme passionnée. Je pense aussi à tous ses collègues".
«Tout être humain, surtout s'il est responsable, doit être bouleversé»
Nicolas Sarkozy, qui était président de la République au moment du drame, était présent pour la première fois publiquement depuis son placement sous régime de libération conditionnelle. Il a tenu à expliquer sa présence : "J'ai choisi de rompre le silence médiatique que je m'étais imposé pour une raison et une seule : Aurélie et sa famille". S’adressant à la famille de la victime, il a ajouté s'être "senti responsable de la mort de votre fille et de la mort de ta mère". L'ancien chef de l'État a également évoqué le jour du drame : "Quand je suis arrivé (le 20 mai 2010), je vous ai vu détruits par la douleur et je vous ai pris dans mes bras. On a partagé un moment d'émotion qui ne m'a jamais quitté et je ne vous ai jamais oublié".
"Tout être humain, surtout s'il est responsable, doit être bouleversé", a déclaré Nicolas Sarkozy. "Le fait qu'un ministre ou un président soit bouleversé devrait rassurer les Français. Car le jour où vous ne serez plus bouleversé, mesdames et messieurs les élus, par un drame de cette nature, alors il vaut mieux arrêter votre mandat et rentrer à la maison. Je revendique d'être bouleversé".
S’adressant à Alexis, le fils d’Aurélie Fouquet, Nicolas Sarkozy a affirmé : "Alexis, en rentrant cette fois-ci, j'ai pensé à toi. Tu n'étais pas avec nous. Tu avais un nom. On t'avait protégé. Ta famille avait choisi de t'épargner cela. Maintenant, tu es un homme, tu as 16 ans. Tu vois, Alexis, on n'a pas oublié ta mère. Et si je n'étais pas venu, j'aurais vécu cela comme un abandon à votre endroit. La politique n'est pas qu'une affaire de programme, n'est pas qu'une affaire d'ambition, n'est pas qu'une affaire de cynisme. La politique, c'est la fidélité avec des gens avec qui on est lié parce qu'on a partagé leur souffrance. Et votre souffrance a nourri ma colère. Je vous dois beaucoup".