Le mardi 11 mars 2025 à 19:46
L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a proposé le renvoi devant un conseil de discipline du policier Florian, auteur du tir mortel sur Nahel Merzouk, 17 ans, lors d'une intervention pour un refus d'obtempérer à Nanterre (Hauts-de-Seine) le 27 juin 2023, a-t-on appris d’une source proche du dossier, confirmant une information de Libération. Cette décision s’appuie sur les conclusions de l’enquête administrative, qui met en avant un "usage disproportionné de l’arme de service".
Dans sa synthèse révélée par Libération, l’IGPN souligne que cette affaire confronte "l’appréciation technique de la séquence de tir à son appréciation humaine, dans le stress et l’incertitude du moment". L’objectif de cette procédure disciplinaire est d’évaluer si l’usage de la force par le fonctionnaire était justifié ou non. L’IGPN ne dispose pas du pouvoir de sanctionner directement un policier, mais son rapport peut conduire à une décision du conseil de discipline.
L’avocat du policier, Me Laurent-Franck Liénard, a réagi en indiquant que son client se défendra devant cette instance. "Nous irons expliquer les choses au conseil de discipline, c’est une procédure que l’administration lance et qu’elle a le droit de lancer, et nous avons le droit de nous en défendre", a-t-il déclaré à l’AFP. Il réaffirme que "le tir était parfaitement conforme au cadre légal".
De son côté, Me Frank Berton, avocat de Mounia Merzouk, la mère de la victime, n’a pas souhaité commenter cette proposition mais a indiqué qu’il n’était "pas surpris au regard des faits constatés".
Un procès requis pour meurtre
Cette annonce intervient une semaine après que le parquet de Nanterre a requis le renvoi de Florian devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine pour meurtre. Dans son réquisitoire définitif, le parquet souligne que "le véhicule était bloqué dans le flot de la circulation" et qu’"il n’apparaît pas qu’il ait représenté un danger immédiat" pour les policiers. Il estime que le tir mortel relève d’une "prise de risque inconsidérée" et que le policier, en raison de son expérience, aurait dû conserver son sang-froid.
L’instruction, achevée en août dernier, s’est appuyée sur de nombreux éléments : autopsie, expertises balistiques, modélisation 3D de la scène, accidentologie et reconstitution réalisée en mai 2024. Ces analyses ont conduit les magistrats instructeurs à organiser des confrontations en juillet 2024 avant de clore le dossier.
Le second policier présent lors de l’intervention a, quant à lui, bénéficié d’un réquisitoire de non-lieu pour complicité de meurtre. Son avocate, Me Pauline Ragot, s’est félicitée de cette décision, affirmant que "l’accusation elle-même admet que rien ne peut lui être reproché".
Florian, aujourd’hui âgé de 40 ans et affecté à la Compagnie territoriale de circulation et de sécurité routières des Hauts-de-Seine (CTCSR 92), a toujours défendu la légitimité de son tir. "Je continue de dire que je me suis senti en danger et je pense que je l’ai été", a-t-il déclaré lors de ses auditions, ajoutant qu’il était "bien évidemment peiné" par la mort de Nahel Merzouk.