Le lundi 5 juin 2023 à 14:16 - MAJ lundi 5 juin 2023 à 21:05
Trois policiers de la brigade de répression des actions violentes motorisées (BRAV-M) ont été renvoyés devant le conseil de discipline par le préfet de police, suite à des menaces et humiliations à l'encontre de sept jeunes manifestants interpellés à Paris, à la fin du mois de mars, a-t-on appris, confirmant une information de BFMTV. Par ailleurs, quatre autres policiers ont reçu un avertissement, a annoncé la préfecture de police ce lundi.
La préfecture a confirmé qu'elle suit "les recommandations de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN)" dans ce dossier. L'enquête administrative de l'IGPN a établi que les fonctionnaires concernés n'ont pas respecté plusieurs obligations, dont le devoir d'exemplarité, l'obligation de courtoisie à l'égard du public, l'atteinte au crédit de la police nationale et le devoir de protection de la personne interpellée.
L'avertissement est une sanction disciplinaire du premier groupe, la plus basse dans la fonction publique, et ne laisse aucune trace dans le dossier de l'agent. Devant un conseil de discipline, les policiers risquent des sanctions plus sévères. Celles-ci peuvent aller d'une exclusion temporaire de fonctions pouvant aller de quatre jours à deux ans, ou encore jusqu'à une révocation, sanction qui est beaucoup plus rare.
Les faits reprochés à ces policiers de la BRAV-M se sont déroulés dans la nuit du 20 au 21 mars dernier lorsqu'ils ont interpellé sept jeunes manifestants. Ces derniers étaient soupçonnés d'avoir participé à des actes de vandalisme lors d'une manifestation non autorisée contre la réforme des retraites, dans le centre de Paris. Un des suspects interpellés avait discrètement enregistré les échanges avec les policiers.
«Je t’aurais bien pété tes jambes»
Dans cet enregistrement, on peut notamment entendre un policier menacer un étudiant tchadien, Souleyman Adoum Souleyman : "La prochaine fois qu'on vient, tu monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu'on appelle ambulance pour aller à l'hôpital". On entend également un fonctionnaire lâcher : "T’as tellement de chance d’être assis là, maintenant qu’on t’a interpellé, je te jure, je te pétais les jambes, au sens propre… Je peux te dire qu’on en a cassé, des coudes et des gueules (…), mais toi, je t’aurais bien pété tes jambes".
De leur côté, les policiers concernés ont évoqué dans leurs rapports écrits à leur hiérarchie leur "fatigue physique et morale", suite à leur longue journée de travail chargée. Une enquête judiciaire, également confiée à l'IGPN, est toujours en cours dans cette affaire.