Quintuple meurtre près de Dunkerque : Paul D. mis en examen pour assassinats et meurtres

Paul D., 22 ans, a été mis en examen pour "assassinats" et "meurtres précédés, accompagnés ou suivis d'un autre crime" après avoir tué cinq personnes samedi, dans les communes de Wormhout et Loon-Plage (Nord). Les victimes sont un chef d'entreprise, deux agents de sécurité et deux migrants d'origine iranienne. Le suspect, qui s'est rendu à la gendarmerie, n'a montré aucun signe de troubles psychiques. Le mobile des faits reste incertain, selon la procureure de Dunkerque, Charlotte Huet.
Quintuple meurtre près de Dunkerque : Paul D. mis en examen pour assassinats et meurtres
Illustration. (Sergey Novikov / Shutterstock)
Par Actu17
Le mardi 17 décembre 2024 à 19:38 - MAJ mardi 17 décembre 2024 à 19:49

Trois jours après la tuerie qui a fait cinq morts dans le Nord, Paul D., 22 ans, a été mis en examen mardi 17 décembre 2024 pour "assassinats" concernant les trois premières victimes et pour "meurtres précédés, accompagnés ou suivis d’un autre crime" concernant les deux dernières, a annoncé la procureure de Dunkerque, Charlotte Huet, ce mardi lors d'une conférence de presse. Le suspect a été placé "sous le régime de la détention provisoire pour une durée d’un an, renouvelable, conformément aux réquisitions du parquet", a souligné la magistrate.

Le samedi 14 décembre, entre 15 heures et 17 heures, Paul D. a successivement tué cinq personnes dans les communes de Wormhout et Loon-Plage (Nord), comme révélé par Actu17. Les faits commencent à 15h13, lorsque la gendarmerie de Wormhout est appelée au sujet d’une personne retrouvée inanimée au sol. La victime, Paul Dekeyster, un chef d'entreprise de 29 ans, est découverte morte par balles devant son domicile. Peu après, à 16h15, la police secours de Dunkerque intervient sur une zone portuaire de Loon-Plage, où les corps de deux agents de sécurité privée, Aurélien Cugny (33 ans) et Marc Lehmus (37 ans), sont retrouvés criblés de balles le long du canal des Dunes.

Quelques instants plus tard, à proximité d’un camp de migrants à Loon-Plage, plusieurs personnes signalent aux forces de l'ordre la présence de deux corps. Ces deux victimes, des hommes de 20 et 28 ans, sont des migrants originaires de la province du Kurdistan, en Iran. Le périple meurtrier prend fin vers 17h10. Paul D. se présente spontanément à la gendarmerie de Ghyvelde (Nord), à quelques centaines de mètres du domicile familial. "Il est arrivé pour se rendre incontestablement", a déclaré Charlotte Huet. "Il est rentré (dans la gendarmerie) sans armes", a précisé la magistrate.

Un profil énigmatique

Paul D., 22 ans, sans emploi, vivait chez ses parents à Ghyvelde. Inconnu des services de police et de la justice, il était membre du club de tir sportif "La Jean Bart Tir" à Leffrinckoucke (Nord) depuis 2023. Selon le président du club, René Jossien, il était "très discret et ne faisait pas parler de lui". Lors de la perquisition, les enquêteurs ont retrouvé cinq armes à feu dans sa voiture et douze autres à son domicile. "Une seule de toutes ces armes est de catégorie B", a précisé la procureure, ajoutant que les autres relèvent de la catégorie C ou d'une catégorie inférieure. Les crimes ont été commis principalement à l'aide d'une carabine de calibre 44. Un fusil de chasse de calibre 12 a également été utilisé pour l'un des meurtres, a-t-elle précisé.

Des liens professionnels avec les premières victimes

La procureure de Dunkerque a souligné que "la première personne qui a été tuée à Wormhout était le dernier employeur du mis en cause". Paul Dekeyster, le chef d'entreprise de 29 ans, avait licencié Paul D. au début du mois d’octobre 2024.

Le lien entre le mis en cause et les deux agents de sécurité tués à Loon-Plage est également d'ordre professionnel. "Il avait aussi travaillé six mois pour l’entreprise qui employait les agents de sécurité qui ont été tués", a déclaré la procureure. Paul D. n’a cependant évoqué "aucun différend particulier" avec ces deux victimes, même si son ressentiment semblait "davantage tourné sur la direction" de cette société.

Les raisons des meurtres des deux migrants à Loon-Plage restent floues. La procureure a reconnu que "le mobile doit encore être approfondi" à ce sujet. Elle a précisé que ces faits se sont produits "après les meurtres des agents de sécurité et concomitamment avec le meurtre des personnes de nationalité iranienne". Le parcours criminel de Paul D. soulève des interrogations. "Pourquoi s’est-il arrêté là ? Pourquoi cinq victimes ?", a lancé la magistrate. "Le parcours criminel interroge. Il est rare tant par la nature des faits que par le nombre de victimes".

Un comportement froid et méthodique

Durant ses 72 heures de garde à vue, Paul D. a été entendu à quatre reprises. Il a répondu "à toutes les questions" des enquêteurs. Son comportement n’a révélé aucun signe de troubles psychiques. "Il n’y a pas de suspicion de troubles psychiques", a affirmé la procureure, qui a précisé qu’il n’avait consommé ni drogues ni alcool avant les faits. Elle a ajouté que l’expertise psychiatrique n’avait mis en évidence ni "altération ni abolition du discernement".

Outre les cinq meurtres, Paul D. a également été mis en examen pour "violences avec arme" à l'encontre de deux autres personnes. Ces faits se sont produits au moment des meurtres des deux migrants à Loon-Plage. Le suspect "a pointé et dirigé son arme" en direction d'un père et de son fils qui circulaient en voiture, mais ces derniers sont passés très rapidement, échappant à une issue fatale. Il est également poursuivi pour "acquisition, détention, port et transport d’armes de catégorie B et C".

Un hommage aux victimes

Les habitants du Dunkerquois sont sous le choc. Lundi soir, plus de 200 membres des "Ultras Dunkerquois" se sont rassemblés pour rendre hommage à Aurélien Cugny, l’un des agents de sécurité tués, qui assurait aussi la sécurité du stade de foot de la ville. Un hommage citoyen aux deux migrants et aux trois autres victimes a également eu lieu à Dunkerque.

Paul D. encourt la réclusion criminelle à perpétuité. L'enquête se poursuit pour tenter de percer le mystère des motivations du jeune homme. "Aucune conclusion définitive ne peut être tirée à cette heure", a rappelé la procureure de Dunkerque, précisant qu'il ne s'agit que des "déclarations spontanées" du mis en cause, et que ses explications sont encore susceptibles d'évoluer.