Le jeudi 28 avril 2022 à 23:54
Laurent-Franck Liénard, avocat du policier qui a tué dimanche sur le Pont-Neuf à Paris deux hommes qui auraient, en voiture, redémarré précipitamment vers une patrouille, a indiqué à l'AFP jeudi qu'il trouvait "non pertinente" la mise en examen de son client pour "homicide volontaire".
"La qualification retenue dans ce dossier (pour les tirs sur le conducteur du véhicule qui a été tué, ndlr) est peut-être politique mais elle n'est pas pertinente", a déclaré cet avocat. L'homicide volontaire est passible de 30 ans de réclusion criminelle. "Un policier qui fait usage de son arme administrative pour arrêter un délinquant, ne veut pas le tuer : il veut arrêter une action dangereuse", a insisté Me Liénard, ajoutant : "L'intention homicide n'est pas dans l'état d'esprit du policier quand il ouvre le feu".
D'après lui, dans ce cas, la qualification retenue devrait être "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", une qualification criminelle passible de quinze ans de réclusion, retenue pour le passager avant du véhicule par les juges d'instruction. Interrogé pour savoir si son client avait invoqué la légitime défense pour expliquer ses tirs, l'avocat a refusé de répondre au nom du secret de l'instruction. "C'est le fond du dossier, c'est l'instruction qui le déterminera", a-t-il souligné.
Alors que le syndicat Alliance, classé à droite, a qualifié d'"inadmissible" cette qualification et appelé à un rassemblement devant la cour d'appel de Paris, Me Liénard a regretté que "tout le monde s'excite. Les syndicats de police veulent récupérer ce dossier, moi je dis qu'il faut garder la raison". "Ce qui compte, ce sera la qualification retenue lorsque le dossier sera renvoyé devant une juridiction de jugement", a-t-il aussi souligné.
Le gardien de la paix âgé de 24 ans a été mis en examen mercredi soir pour "homicide volontaire" concernant le conducteur, "violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner" s'agissant du passager avant et pour "violences volontaires aggravées par personne dépositaire de l’autorité publique" envers le passager arrière. Il a été placé sous contrôle judiciaire.