Le vendredi 10 janvier 2025 à 21:37 - MAJ samedi 11 janvier 2025 à 00:15
Le chef pâtissier Yazid Ichemrahen, 33 ans, champion du monde des desserts glacés en 2014 et devenu chef pâtissier au Royal Monceau-Raffles à Paris l'an dernier, a été définitivement reconnu coupable d’escroquerie. Il s'est en effet désisté de l'appel qu'il avait formulé à l’issue de sa condamnation en première instance, le 20 septembre dernier, comme l'a révélé Le Parisien. Une information confirmée par la Cour d'appel de Paris. Yazid Ichemrahen a été condamné à une peine de 6 mois d'emprisonnement avec sursis, 6000 euros d'amende, et deux ans d'inéligibilité, pour avoir mis en scène le cambriolage de son appartement parisien, dans le but de percevoir des indemnités de son assurance.
Les faits remontent à février 2022, dans le XVIe arrondissement de la capitale. Yazid Ichemrahen a déposé une plainte pour cambriolage, expliquant qu'il avait constaté que son logement avait été visité durant la nuit, après être rentré chez lui dans l'après-midi. Il précise que des bijoux, des vêtements de luxe et les clefs de son Audi RS6 ont disparu. Une enquête est alors ouverte et confiée aux policiers du 1er district de police judiciaire (DPJ). Les fonctionnaires ont rapidement des doutes sur les déclarations du plaignant. En exploitant les vidéoprotections de son immeuble, ils constatent que le chef pâtissier a quitté son domicile à 23h30 le samedi soir.
Les enquêteurs repèrent, sur les vidéos de l'immeuble, un homme au visage dissimulé qui repart avec deux sacs poubelles remplis. Une Audi RS6 est également aperçue quittant le secteur de l'immeuble. Le véhicule de luxe est ensuite localisé dans un parking des Champs-Élysées. Les policiers constatent que quelqu'un est venu récupérer la voiture le lendemain matin et que le parking a été payé avec une carte bancaire au nom de Yazid Ichemrahen. Un moyen de paiement qui n'avait pas été signalé volé. Placé en garde à vue, le chef pâtissier a reconnu avoir fait une fausse déclaration et aurait évoqué "des difficultés financières". Il devait être jugé dans le cadre d'une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), début 2023, avant de renoncer à cette procédure dite du "plaider-coupable". Yazid Ichemrahen sera finalement reconnu coupable d'escroquerie lors d'un jugement le 20 septembre 2024 au tribunal de Paris, a indiqué le parquet de Paris.
Contacté par Le Parisien, Yazid Ichemrahen a malgré tout clamé son innocence dans cette affaire. "C’est une injustice qui m’a empêché de dormir pendant des mois", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il a finalement choisi de se désister de son appel "parce que je préfère me concentrer sur mon travail. Ça me coûterait très cher à nouveau en frais d’avocat, pour revivre deux ans de calvaire en procédure". Concernant le cambriolage qu'il a dénoncé, le chef pâtissier a précisé à nos confrères : "Je ne ferme jamais ma porte à clé puisqu’elle se verrouille de l’intérieur, et j’ai donné une date au hasard lorsque j’ai déposé plainte. Car je ne suis à Paris que 5 ou 6 jours par mois. Quand on m’a dérobé mes affaires, je ne savais pas du tout quand ça avait pu avoir lieu".
Des démarches et de fausses informations pour obtenir le retrait de notre article
Durant les semaines qui ont suivi cette décision de justice de septembre dernier - à laquelle Yazid Ichemrahen avait initialement fait appel -, la rédaction d'Actu17 a été sollicitée à plusieurs reprises par Mélik Menacer, dirigeant de l'agence d'influence et relations médias Pliive, par e-mail et par téléphone, comme évoqué dans notre précédent article. "Je me permets de vous écrire concernant un article diffusé sur votre site internet faisant référence à un article du JDD. Ce dernier article, à charge contre mon client, a été supprimé du site du JDD car il comportait des accusations fausses", écrit-il dans un e-mail le 11 octobre. Le Journal du Dimanche (JDD) avait révélé le placement en garde à vue de Yazid Ichemrahen, et les contours de cette affaire, dans un article qui a depuis été supprimé.
Pour appuyer sa demande, Mélik Menacer a affirmé, dans ce même e-mail, que son client, Yazid Ichemrahen, avait été "blanchi". Une affirmation accompagnée d'un lien vers un article de presse du journal local L'Hebdo du vendredi, daté de mai 2023, qui reprend cette fausse information. Un article du Figaro d'avril 2024 évoquait également cette (fausse) relaxe obtenue par Yazid Ichemrahen, et a depuis été corrigé.
Dans un second e-mail le 14 octobre, faisant suite à notre réponse, Mélik Menacer a réitéré sa demande de retrait de notre article daté de novembre 2022, évoquant "le droit à l'oubli", en citant l'article 17 du règlement général sur la protection des données (RGPD). Cette fois, le patron de l'agence Pliive a joint un courrier de l'avocat de Yazid Ichemrahen, Me Arié Alimi, daté du 31 mars 2023, dans lequel le conseil écrit, à l'attention de son client, qu'"à ce jour, aucune procédure n’est diligentée à votre encontre pour des faits d’escroquerie à l’assurance. Concernant les faits reprochés en date du 3 novembre 2022, aucun jugement n’a été rendu et les poursuites sont à ce jour terminées". La rédaction d'Actu17 a de nouveau reçu une relance de Mélik Menacer le 25 octobre, ainsi que plusieurs appels téléphoniques.
Début décembre, notre rédaction a également reçu un courrier de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) pour nous signaler qu'une "réclamation" à l'encontre de la société Les Éditions Actu17 (qui détient le média Actu17, ndlr) avait été déposée "de la part d'un usager rencontrant des difficultés dans l'exercice des droits dont il dispose sur ses données à caractère personnel". "En effet, il [l'usager] a indiqué à la CNIL qu'aucune réponse n'aurait été adressée à sa demande d'exercice de droit(s) dont vous trouverez une copie jointe au présent courrier", peut-on lire. La demande dont il est question est le premier e-mail de Mélik Menacer, accompagné de fausses informations, auquel nous avons répondu 72 heures plus tard. Dans son courrier, la CNIL précise que si elle "est saisie de nouvelles réclamations concernant" notre organisme, "elle pourrait procéder à la vérification des traitements de données à caractère personnel (...) et, si la situation l'exige, fera usage de ses pouvoirs de sanction". La société Les Éditions Actu17 se réserve désormais le droit de déposer plainte vis à vis de cette fausse déclaration auprès de la CNIL.