Le samedi 20 mai 2023 à 18:36
Revirement dans l'affaire du policier parisien qui avait traité une plaignante de "pute", alors qu'il avait mal raccroché son téléphone. Après avoir initialement classé la plainte contre le policier, le parquet a finalement requis un procès mi-avril.
En février 2022, une femme de 34 ans avait déposé plainte au commissariat du "56" (en charge du Ve et VIe arrondissement de la capitale, ndlr) pour "agression sexuelle en état d'ivresse", ce qui a conduit à l'ouverture d'une enquête. Plus tard lors d'un appel téléphonique avec la plaignante, le policier en charge du dossier avait laissé un message insultant à son égard sur son répondeur, croyant avoir raccroché. Ces propos dégradants n'avaient pas fait l'objet de poursuites de la part du parquet étant donné qu'ils avaient été prononcés "sans volonté de les porter à la connaissance de la plaignante".
"C'est vraiment une pute. (...) Putain, elle refuse la confront' en plus la pute. Comme par hasard. En fait c'était juste pour lui casser les couilles, je suis sûr. (...) Putain, grosse pute", avait lâché le policier, dans un message sur le répondeur de la plaignante, pensant que son téléphone était raccroché.
Une nouvelle plainte de la victime
La situation a évolué suite à une nouvelle plainte déposée par la victime. Le 3 janvier dernier, un juge d'instruction a mis le policier en examen. Malgré la position du parquet qui maintient, dans ses réquisitions du 19 avril révélées par l'AFP, que le policier parlait "à titre confidentiel à ses collègues et sans intention de porter (ses propos) à la connaissance de la plaignante", celui-ci a conclu que le débat doit se poursuivre devant le tribunal, étant donné que cette infraction relève du droit de la presse.
Le parquet de Paris a donc réclamé un procès pour "injure non publique en raison du sexe". La décision finale revient maintenant au juge d'instruction.
Peu après la révélation de cette affaire par Mediapart, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin déclaré que le policier impliqué n'avait "plus sa place" dans la police nationale, tandis que le préfet de police de Paris de l'époque, Didier Lallement, avait saisi l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN).