Le lundi 5 juin 2023 à 10:19
Quatre collégiens de Golbey ont été déclarés coupables de harcèlement ce lundi, suite au suicide de leur camarade, Lucas, 13 ans, survenu en janvier dernier. Le tribunal pour enfants d’Épinal (Vosges) n'a cependant pas établi de lien de causalité entre leur comportement et le tragique décès de l'adolescent.
Des mesures éducatives provisoires ont été mises en place à l'égard des quatre collégiens dans l'attente de la prochaine audience, prévue le 22 janvier 2024. Ces derniers risquent jusqu'à dix-huit mois de prison, une peine qui aurait été beaucoup plus sévère si leur harcèlement avait été directement lié au suicide de Lucas, avec une peine encourue jusqu’à cinq ans de prison.
L'audience, qui s'est tenue à huis clos le 3 avril, a vu le parquet ne pas reconnaître le harcèlement comme la cause du suicide, contredisant ainsi ses conclusions initiales. Le tribunal pour enfants a suivi cette ligne en requalifiant les faits de harcèlement scolaire en infraction ayant causé une incapacité totale de travail (ITT) inférieure à huit jours.
«De simples moqueries ne sont pas de simples moqueries, dès l’instant où elles sont répétées»
Séverine, la mère de Lucas, s'est exprimée après la décision, exprimant son "soulagement". Malgré la requalification, elle insiste sur le fait que "le harcèlement c'est grave. Il faut que tout le monde en prenne conscience". Elle promet de continuer à lutter contre le harcèlement scolaire en mémoire de son fils. L'avocate de la mère de Lucas, Me Catherine Faivre, soutient cette position en déclarant que "de simples moqueries ne sont pas de simples moqueries, dès l’instant où elles sont répétées, dès l’instant où elles portent atteinte à une identité, qu’elle soit sexuelle ou autre".
Quant à Me Emmanuelle Larrière, l'une des avocates des adolescents accusés, elle a déclaré que le verdict n'était pas celui attendu et a évoqué la possibilité d'un appel après consultation avec les parents.
Le suicide de Lucas, qui avait laissé une note exprimant sa volonté de mettre fin à ses jours, a suscité une vive émotion. Le jeune garçon est décédé par pendaison. Les proches de l’adolescent avaient dénoncé des moqueries et des insultes à caractère homophobe, ce qui avait conduit à une marche blanche en février à Épinal en mémoire du jeune garçon.
Le ministre de l'éducation nationale, Pap Ndiaye, a souligné la gravité des faits et a assuré que "la lutte contre le harcèlement scolaire doit demeurer une priorité du gouvernement".
Fin mai, à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), quatre mineurs ont été mis en examen pour "harcèlement scolaire ayant conduit au suicide" après le décès d'une adolescente de 13 ans, prénommé Lindsay. Un adulte a également été mis en examen pour menaces de mort. La famille de la petite fille a déclaré la semaine dernière avoir été "lâchée par tout le monde", alors qu'elle avait signalé des faits de harcèlements à plusieurs reprises.