Un an après l’évasion de Mohamed Amra, Emmanuel Macron rend hommage aux deux agents tués à Incarville

Un an après l’attaque du convoi pénitentiaire à Incarville (Eure) ayant coûté la vie à deux agents, Fabrice Moello et Arnaud Garcia, l’exécutif a rendu hommage ce mercredi aux victimes et annoncé une série de mesures pour renforcer la lutte contre la criminalité organisée.
Un an après l’évasion de Mohamed Amra, Emmanuel Macron rend hommage aux deux agents tués à Incarville
Emmanuel Macron ce mercredi 14 mai 2025, au centre pénitentiaire de Caen. (Lou Benoist / Pool / EPA / Maxppp)
Par La Rédaction
Le mercredi 14 mai 2025 à 16:41

Un an après l’évasion de Mohamed Amra au péage d’Incarville (Eure), l’État a rendu hommage aux deux agents pénitentiaires tués et a annoncé de nouvelles mesures dans la lutte contre la criminalité organisée.

Le 14 mai 2024, un commando lourdement armé avait attaqué un convoi pénitentiaire pour faire évader Mohamed Amra, également connu sous le nom de "La Mouche". Deux agents pénitentiaires ont été tués durant l'attaque : Fabrice Moello et Arnaud Garcia, âgés de 52 et 34 ans. Trois de leurs collègues avaient été grièvement blessés.

Mercredi matin, une plaque commémorative a été dévoilée sur les lieux de l’attaque, à la barrière de péage d’Incarville, dans la commune de Val-de-Reuil. Une cinquantaine d’agents des services pénitentiaires et plusieurs élus étaient présents pour cet hommage. Sur cette plaque noire, on peut lire : "à la mémoire de Fabrice Moello et Arnaud Garcia, agents de l'administration pénitentiaire lâchement assassinés ici, à la barrière de péage d'Incarville dans la commune de Val-de-Reuil, le 14 mai 2024, victimes de leur devoir ne les oublions jamais". Invisible depuis l’autoroute A13, elle a été placée directement au niveau du péage.

"Pour nous, fonctionnaires de l'administration pénitentiaire, c'est un moment douloureux", a confié Pascal Vion, directeur interrégional des services pénitentiaires de Rennes, à l'AFP. "Sans cette interpellation, cette cérémonie n'aurait pas eu la même coloration". Neuf mois après sa cavale, Mohamed Amra a été arrêté à Bucarest (Roumanie), le 22 février dernier.

Une cérémonie à Caen en présence d'Emmanuel Macron

Dans l’après-midi, Emmanuel Macron s’est rendu au centre pénitentiaire de Caen (Calvados) pour une cérémonie en présence des familles des deux agents tués. Une gerbe a été déposée, puis le président de la République a échangé avec les membres du pôle régional des extractions judiciaires (PREJ) afin d’aborder le renforcement des dispositifs de transfèrement judiciaire. Le président a poursuivi ses déplacements à la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), où seront incarcérés les 100 narcotrafiquants les plus dangereux.

L’établissement, vidé de la quasi-totalité de ses détenus et actuellement en travaux, devrait rouvrir le 31 juillet. Une deuxième prison, celle de Condé-sur-Sarthe (Orne), accueillera à partir de mi-octobre un autre groupe de 100 détenus à profil similaire. Ces incarcérations seront réalisées en régime d’isolement strict, calqué sur les modèles de lutte anti-mafia italiens.

L'État-major interministériel de lutte contre la criminalité organisée (EMCO)

En amont de ces déplacements, Emmanuel Macron a inauguré l’état-major interministériel de lutte contre la criminalité organisée (EMCO), situé dans les locaux de la Direction nationale de la Police judiciaire (DNPJ) à Nanterre. Ce nouvel outil est destiné à soutenir le futur parquet national anticriminalité organisée (PNACO), prévu pour 2026. Composé de 15 membres issus de 12 services judiciaires et de renseignement, l’EMCO a été qualifié par Christian Sainte, directeur de la DNPJ, comme un "outil à la hauteur des organisations criminelles", soulignant "l’usage d’une violence décomplexée" par ces dernières.

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a dénoncé une "massification" des flux de stupéfiants, alimentés par "des dizaines de mules dans chaque avion". Amélie de Montchalin, ministre déléguée aux Comptes publics, a évoqué une "submersion".

Ces initiatives s’inscrivent dans la mise en œuvre de la loi "narcotrafic", promulguée fin avril. Portée par Étienne Blanc (Les Républicains) et Jérôme Durain (Parti socialiste), cette loi prévoit la création du PNACO sur le modèle du parquet national antiterroriste (PNAT). Selon le ministre de la Justice Gérald Darmanin, "la République désormais met tous ses moyens" pour qu’une évasion comme celle de Mohamed Amra "n’arrive plus".

«Faire vivre la mémoire de ces héros»

Lors de l’hommage au péage, Pascal Vion a lu un texte du garde des Sceaux Gérald Darmanin : "Notre devoir, à toutes et à tous, est de faire vivre la mémoire de ces héros, de ne jamais oublier ce qu’ils représentaient, de dire haut et fort que la République ne cède ni à la peur ni à la violence". Les familles des victimes, qui avaient exprimé le souhait de ne pas revenir sur les lieux de l’attaque, n’étaient pas présentes.