Le mercredi 26 mai 2021 à 14:54
Ces dernières semaines ont été particulièrement difficiles pour les policiers. Après l'assassinat de Stéphanie Monfermé à Rambouillet (Yvelines) le 23 avril dernier, Éric Masson, un policier d'Avignon (Vaucluse), a été tué par balles lors d'une intervention une quinzaine de jours plus tard. Mi-mai, c'est un policier de 50 ans qui a été grièvement blessé à Rive-de-Gier (Loire) par des jets de projectiles au cours d'une banale intervention. Son pronostic vital était engagé avant que son état de santé s'améliore. Huit personnes ont été interpellées dans le cadre de cette enquête ce mercredi matin.
A ces drames, il faut ajouter les agressions, guet-apens, et menaces de mort dont font l'objet les forces de l'ordre de façon régulière. Les syndicats de police ont manifesté devant l'Assemblée nationale mercredi dernier, pointant notamment du doigt le rôle de la justice, défaillante selon plusieurs organisations.
Une hausse de confiance de 4% pour la police, la justice reste à 48%
Les forces de l'ordre peuvent en tout cas compter sur le soutien des Français, qui sont encore plus nombreux à faire part de leur confiance. C'est ce que révèle une nouvelle enquête du CEVIPOF. Cette étude réalisée sur le terrain du 3 au 11 mai dernier, montre que les Français sont 73% à avoir confiance en la police (+4%), dont 17% qui disent avoir "très confiance". 79% des personnes interrogées ont confiance en la gendarmerie, et 78% en l'armée (+1%). De son côté, la justice est créditée d'une confiance stable à 48%.
"L’opinion publique en général n’est pas réceptive aux mises en accusation de l’institution Police"
Quels enseignements peut-on tirer de ces résultats favorables aux forces de l'ordre ? "Les résultats de la vague 12 bis du baromètre de la confiance livrent plusieurs enseignements concernant la Police", note Guillaume Farde, professeur affilié à l’école d’affaires publiques de Sciences Po, chercheur associé au CEVIPOF. "Le premier est que malgré une année 2020 ou des affaires judiciaires ont été propices à des remises en cause de la Police en tant qu’institution - les affaires Chouviat, Floyd, Traoré et Zecler notamment - la cote de confiance dans la Police remonte", décrit-il. "Elle passe de 66 points en février 2020 à 69 points en février 2021 et elle atteint désormais 73 points en mai 2021 (la cote était de 74 points en décembre 2018 au début des manifestations de Gilets jaunes). L’opinion publique en général n’est donc pas réceptive aux mises en accusation de l’institution Police".
Un problème de confiance est bien présent chez les jeunes comme l'a montré la précédente étude dont nous vous parlions en mars dernier. "Malgré cette remontée de la confiance en général, les 18-24 maintiennent leur posture de défiance", poursuit Guillaume Farde. "En février 2021, ils étaient 52% à déclarer avoir confiance en la Police soit 17 points de moins que la moyenne des Français. En mai ils sont 55%, soit 18 points de moins que la moyenne des Français. Leur décrochage reste donc important et inquiétant".
🤝👮♀️👮♂️ Confiance dans la #Police en mai 2021 : la remontada se poursuit !
🔍 Après avoir fortement chuté lors des manifestations des #GiletsJaunes (de 74% à 66%), la confiance a atteint 73% en mai.
📊Mesure #BaroConfiance du @CEVIPOF vague 12 bis avec le soutien d’@Interiale pic.twitter.com/6kmVCwk5vD
— Guillaume FARDE (@GFarde) May 25, 2021
"Le troisième enseignement est que la perception négative du maintien de l’ordre à l’occasion des manifestations des Gilets jaunes aura été la principale cause de la variation à la baisse de la confiance dans la Police, depuis 2014", ajoute le professeur. "Une fois la séquence des manifestations refermée, la confiance repart à la hausse et retrouve son niveau d’avant décembre 2018".