Refus d'obtempérer mortel à Paris : le policier «a sauvé la vie de ses collègues et la sienne»

L'incompréhension ne désemplit pas chez le syndicat de police Alliance après la mise en examen pour "homicide volontaire" du policier qui a ouvert le feu sur le Pont-Neuf à Paris (Ier), dans la nuit de samedi à dimanche. Le syndicat assure que "d'après les premiers éléments", la légitime défense "ne fait aucun doute".
Refus d'obtempérer mortel à Paris : le policier «a sauvé la vie de ses collègues et la sienne»
Illustration. (Lionel Vadam / PhotoPQR / Maxppp)
Par Actu17
Le vendredi 29 avril 2022 à 22:58

Deux syndicats de policiers, Alliance Police Nationale et l'UNSA Police, ont appelé à un rassemblement ce lundi devant la fontaine Saint-Michel à Paris (VIe) suite à la mise en examen d'un gardien de la paix pour "homicide volontaire". Cet agent de 24 ans a ouvert le feu sur un automobiliste dans la nuit de samedi à dimanche, qui refusait le contrôle et qui lui aurait foncé dessus. Le conducteur et son passager avant, âgés de 25 et 31 ans ont été tués.

Cette mise en examen pour "meurtre" a provoqué le mécontentement du syndicat Alliance Police Nationale, qui y voit là une façon de "jeter l’opprobre" sur ce policier. "Nous sommes dans un sentiment d'incompréhension, voire de colère", nous explique Yoann Maras, secrétaire régional de l'organisation syndicale à Paris. "On écarte, par cette qualification, à ce stade, la thèse de la légitime défense, alors que d'après les premiers éléments, elle ne fait pour nous aucun doute. Notre collègue n'a pas ouvert le feu pour tuer, mais pour stopper un véhicule qui fonçait directement sur lui, alors que l'une des fonctionnaires de police était traînée. Il a tout simplement sauvé la vie de ses collègues et la sienne par la même occasion".

«Ce n'est pas la mise en examen que l'on remet en cause»

Le syndicat Alliance est à l'origine de cet appel au rassemblement à quelques pas de l'ancien palais de Justice de Paris, qui abrite toujours la cour d'appel et la cour de cassation. "C'est d'abord pour montrer notre soutien à ce jeune collègue de 24 ans qui est dans cette déferlante judiciaire", martèle Yoann Maras. "Et ensuite pour exprimer notre incompréhension face à cette décision qui a été prise par les juges d'instruction. Ce n'est pas la mise en examen que l'on remet en cause, mais la qualification pour 'meurtre'". Dans ces réquisitions, le parquet avait réclamé une mise en examen pour "violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner" rappelle le syndicaliste.

 

Pour le policier mis en cause, c'est désormais "un parcours du combattant qui va s'ouvrir", poursuit Yoann Maras. Dans le cadre de son contrôle judiciaire, le gardien de la paix a notamment reçu l'interdiction d'exercer "toute fonction de policier impliquant un contact avec le public", de contacter son service de police, ou de se rendre à Paris. Il va néanmoins pouvoir rejoindre ses proches sur l'île de la Réunion, d'où il est originaire. "C'est un jeune policier exemplaire qui n'a jamais posé souci", renchérit le délégué syndical. "Il a à son actif des faits d'un extrême courage : au mois de février dernier il s'est jeté dans les eaux glaciales de la Seine pour aller sauver la vie d'une femme qui voulait mettre fin à ses jours. C'est un effectif de police dont on devrait être fier et qu'on devrait mettre en avant. Samedi soir, il a fait "le job", il a sauvé la vie de ses collègues et la sienne en même temps."

L'avocat du policier, Me Laurent-Franck Liénard, a indiqué à l'AFP ce jeudi que "la qualification retenue dans ce dossier est peut-être politique mais elle n'est pas pertinente". "Un policier qui fait usage de son arme administrative pour arrêter un délinquant, ne veut pas le tuer : il veut arrêter une action dangereuse", a-t-il argumenté.

«Police et Justice ne doivent pas être dos à dos»

De son côté, le syndicat Unité SGP Police FO a annoncé qu'il ne participerait pas au rassemblement de lundi. "Faire croire que la colère déborde et instrumentaliser, cela n'est pas du tout une bonne idée. Ne pas respecter une décision de justice alors qu'elle découle de la jurisprudence, cela n'est pas une bonne position", a écrit le secrétaire général de l'organisation syndicale dans un long message sur Twitter. "Police et Justice ne doivent pas être dos à dos, mais côte à côte. Cela n'empêche pas de vouloir faire évoluer notre système pour mieux protéger les policiers et notre société".

Deux enquêtes ont été ouvertes dans cette affaire. La première concernant les circonstances de l'usage de l'arme du policier qui a été confiée à l'inspection générale de la police nationale (IGPN). Une information judiciaire a été ouverte ce mercredi, au moment de la mise en examen de l'agent. "De nombreuses investigations portant sur ces faits pour partie de nature criminelle sont encore nécessaires notamment sur la légitime défense", avait précisé le parquet de Paris quelques heures plus tôt. La seconde enquête, ouverte pour "tentative d'homicide volontaire sur personnes dépositaires de l'autorité publique", a été confiée au 1er district de police judiciaire (DPJ). Le policier en cause a déjà été auditionné par les enquêteurs de la PJ au cours de la semaine.