Le jeudi 8 mai 2025 à 18:46
La plainte pour violences déposée par Mohamed Amra contre trois surveillants pénitentiaires de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) a été classée sans suite le mercredi 7 mai 2025.
Incarcéré dans cet établissement à sécurité renforcée, Mohamed Amra, surnommé "La Mouche", avait accusé des surveillants de l’avoir "jeté au sol" le 24 mars 2025 alors qu’il revenait de promenade. Dans sa plainte, déposée le 3 avril par son avocat, Me Benoît David, il affirmait que les fonctionnaires s’étaient appuyés "sur son bassin, son bras et sa cheville", alors qu’il était menotté, allongé sur le ventre dans une cellule du quartier disciplinaire. Il indiquait également n’avoir opposé "aucune résistance aux vérifications entreprises" et considérait que les violences dénoncées "ne répondaient alors à aucune nécessité impérieuse".
Les chefs d’accusation visés étaient "violences aggravées par une personne dépositaire de l’autorité publique et commises en réunion, mise en danger de la vie d’autrui et omission de porter secours". La procureure de la République d'Alençon, Laëtitia Mirande, a précisé dans un communiqué que la procédure avait été classée "au motif de l'absence d'infraction, aucun élément ne venant à l'appui des termes de la plainte (...)".
Elle a ajouté que le compte rendu d’incident rédigé par l’officier pénitentiaire le jour des faits faisait état d’une résistance de Mohamed Amra "au démenottage", ce qui aurait conduit les surveillants à "réinvestir la cellule". L’analyse de la vidéosurveillance de l’établissement ne confirmait pas les faits rapportés dans la plainte. Par ailleurs, selon le même communiqué, Mohamed Amra a "bénéficié de consultation à l’unité sanitaire", n’a pas évoqué de violences et a "refusé tout traitement médicamenteux et accepté la pose d’une attelle".
Interrogé par l’AFP, Me Benoît David a réagi en affirmant que ce classement correspondait "à une volonté d’apaisement de son client". Il avait également dénoncé auparavant "un traitement inhumain et dégradant", rappelant que "toute personne détenue, quel que soit le crime qui lui est reproché, doit être traitée avec dignité".
Mohamed Amra s’était évadé le 14 mai 2024 au péage d’Incarville (Eure), lors d’une attaque d’un fourgon pénitentiaire par un commando lourdement armé, qui avait tué par balle deux agents pénitentiaires et blessé trois autres. Il avait été interpellé en Roumanie le 22 février dernier. Dans l’enquête sur cette évasion, 35 personnes ont été mises en examen jusqu'ici, parmi lesquelles le rappeur Koba LaD.
Mohamed Amra est désormais en attente d’un transfert vers le centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), établissement désigné par le ministre de la Justice Gérald Darmanin pour accueillir certains des narcotrafiquants les plus dangereux du territoire.